En plein dans les consultations. En plein dans le plébiscite populaire. Et toujours aussi résolu à en finir avec la constitution de 2014, si ce n’est avec toutes les constitutions conventionnelles. Qu’elles penchent pour le parlementarisme, ou qu’elles déclinent vers le présidentialisme, à l’évidence, aucun modèle n’a l’assentiment de Saied, ou qu’il puisse s’accommoder de ce penchant marqué pour le souverainisme « absolu ». Nuançons toutefois : souverainisme ne signifie pas dictature. Mais il renvoie fatalement à une certaine personnification du pouvoir. Malgré lui, le Président Saied n’y échappe pas. La conjoncture le lui a imposé. Jusqu’où ? Là, on n’en sait rien.

Jusque-là, l’homme providentiel du 25 Juillet, paraît s’embourber dans d’interminables méandres et, de fait, face à une situation ingérable, il peine à trouver des solutions institutionnelles, simplement parce qu’il n’est plus certain qu’il trouvera « les lieutenants » capables d’adhérer à son projet et, surtout, fiables.

Non que le Président verse dans la paranoïa, comme ont tendance à le croire aujourd’hui, ceux-là mêmes qui l’exhortaient, qui l’imploraient pour actionner l’article 80. Maintenant que cette procédure a été actionnée, voilà qu’ils l’appellent à remettre le statu-quo de l’avant 25Juillet, mais avec d’autres figures.

Est-ce faisable ? Est-ce logique ? Est-ce éthique ?

Où nous mènera le Président ? Question lancinante, dès lors qu’on l’a vu dire une chose pour, tout de suite après, la relativiser. Et cela fait qu’on tourne en rond, qu’on fait dans les redondances, qu’on consulte les astres et qu’on consulte les spécialistes en droit constitutionnel.

Rien de plus facile que d’écrire une constitution. Et rien n’est autant aisé que de la violer. Si l’on devait opter pour des amendements-dans quelle direction ?- et si l’on devait en appeler à  la volonté populaire, autant faire comme De Gaulle en 1958. Mais si cela ne devait s’en tenir qu’à des petites mesures et à des rafistolages de circonstances, là, le 25Juillet ne se justifierait plus.

Entre temps, c’est la gouvernance du pays qui en prend un sacré coup.

On ne saurait dire si Kais Saied voie les problèmes accumulés, durant toute une sombre décennie, dans leur globalité. C’est qu’il pense que, bien plus que la démocratie, c’est la révolution qui a été récupérée et détournée de ses propres fondamentaux. Et il a raison. Que propose-t-il de concret pour une mise en cohérence ? Quel est son programme ? Et, par où commencera-t-il pour rebâtir un pays exsangue ? A cimenter une Nation déchiquetée ?

Les constitutionnalistes n’ont que des textes et des gabarits à lui proposer. Or, les textes n’ont pas de réponses à tout. Ils ne sont que redondances.

Raouf Khalsi