La Haica a récemment appelé le Président Saied à clarifier sa position vis-à-vis de la liberté d’expression. A la limite, la question ne se serait pas posée, si Kais Saied n’avait pas, d’emblée, donné l’impression de se méfier des médias. Le SNJT a lui aussi pris position, avec beaucoup plus de précisions, lorsque des confrères, après le 25 Juillet, ont dû subir une certaine violence policière. Dans les deux cas, le Président s’en est tenu à de vagues déclarations de principe et, toutes, inhérentes aux libertés… Mais sans focus précis sur la liberté de la presse, le seul grand acquis de la révolution. Et cet acquis a été obtenu de haute lutte.

Du coup, c’est toute la problématique de la communication présidentielle qui refait surface. La Présidence ne communique qu’à travers sa page officielle. Mais, bien avant le 25 Juillet, les médias, les médias qui font leur travail en toute objectivité et en toute impartialité, n’arrivaient pas à comprendre le mode de fonctionnement du Président de la république, ni qu’ils pouvaient décrypter ses schémas de pensée. Se contenter des mots, commenter les réactions, identifier ceux qu’il vise dans ses allusions, relève de l’équilibrisme. Pour un peu, c’est la force de l’image qui s’associe aux « mots » pour, toujours dérouter, puisque la communication directe en prend un sacré coup.

On a même trouvé anormal que le micro de Sky news soit tendu au Président et que celui-ci y ait véhiculé son message de samedi dernier, alors que le micro de la télévision nationale et ceux des autres chaînes locales n’y étaient pas. De fait, nous avons dû, la mort dans l’âme, nous résoudre à répercuter ce qui était devenu miraculeusement le scoop de Sky news. Tout comme il nous avait fallu, des semaines auparavant, aller sur le portail de l’Elysée pour être édifiés sur la teneur du coup de fil entre Saied et Macron.

Il est vrai que Kais Saied n’est pas très porté sur la dialectique des échanges médiatiques. Il est tout aussi vrai qu’un vrai responsable de la communication à Carthage n’existe pas ou qu’il n’existerait pas.

Assez bizarre aussi que Mohamed Krichène ( Al Jazeera) déclare avoir été approché par Carthage pour y chapeauter la communication, et qu’il ait décliné l’offre.

Bizarre, oui bizarre…

Or, les médias tunisiens ne demandent pas mieux que d’être impliqués dans ces moments où le flou prend de l’épaisseur.

Peut-être bien que Kais Saied n’intègre pas la dimension de ce que puisse être « Le pouvoir d’informer  Ce pouvoir, c’est le nôtre. Parce que nous avons, par ailleurs, le devoir d’informer. Sauf qu’un homme qui a le destin d’un pays en mains est, lui-aussi, tenu du devoir d’informer…

Raouf Khalsi