Par Halima Ouanada

Les affrontements qui ont caractérisé l’Afghanistan et dont on a l’impression qu’ils lui sont consubstantiels, ont irrémédiablement façonné son histoire, son présent, et à moins d’avoir une vraie révolution, son avenir également. Pourtant, très riche de par son patrimoine, son histoire et son paysage époustouflant, ce pays carrefour de l’Asie dont l’existence remonte au XVIIIème s. est le siège depuis plus des années de conflits interminables dont les principales victimes sont incontestablement les femmes. D’ailleurs, l’histoire même de l’Afghanistan est l’histoire de la souffrance de ses femmes. Car ce sont elles qui payent amèrement le lourd tribut de l’obscurantisme d’un régime conservateur et belliqueux.

En dépit de la seule loi adoptée en 2009 pour la 1ère fois de l’histoire du pays pour la protection des femmes contre toute forme de discrimination, les femmes continuent de servir de butins et de rançons de guerre. Objet de toutes les violences domestiques, sexuelles, physiques…, elles sont également victimes d’enlèvements, de mariages précoces et forcés.

Prises en otage des lois patriarcales qui l’accablent et justifient les différents types de violences de genre à leur égard au vu et au su du monde entier, elles sont les femmes les plus déplorables de l’univers vivant dans l’un des pays les plus dangereux du monde (Atlas & Boots, 2019). Certes, les conditions de vie des femmes se sont légèrement améliorées à partir de 2002, notamment les femmes enceintes et les enfants permettant une légère augmentation, en 2016, de la scolarisation des enfants (9 millions d’élèves scolarisés dont 39% de filles, contre 1 million en 2002 (UNICEF, 2016), toutefois, avec la détérioration de la situation politique et socio-économique, ce sont les filles qui sont spontanément sacrifiées. Des 3.5 millions enfants non scolarisés, 75% sont des filles. 81% des filles de -15 ans sont des analphabètes (UNICEF, 2017) et 21% seulement des inscrits dans l’enseignement secondaire sont des filles (UNESCO, 2017).

Et dire que les forces mondiales sont passées par là pour soi-disant éradiquer le terrorisme et implémenter la démocratie et les droits de l’homme. Résultat, après 20 ans de présence massive, les forces américaines se retirent complètement le 11 septembre 2021, date anniversaire du célèbre attentat, laissant pour seul successeur l’ennemi d’antan qui déclare aussitôt rétablir le régime fondamentaliste islamiste. D’où le soulèvement des femmes afghanes du monde contre cette nouvelle politique imposant aux étudiantes notamment de porter le hijab et la burka, habits étranger à la riche culture afghane. Ces femmes, véritable lueur d’espoir dans cette misère humaine, appartiennent en réalité à cette première génération de jeunes filles afghanes à avoir bénéficié depuis 2001 du droit à l’éducation. Devenues femmes, elles s’activent aujourd’hui sur les scènes sociales et internationales pour revendiquer des droits humains des femmes afghanes  bafoués par les talibans.

C’est surtout la voix de l’historienne afghane Bahar Jallali qui nous vient du cœur même des Etats-Unis pour revendiquer haut et fort le patrimoine verdoyant des femmes afghanes : « Ma robe traditionnelle afghane verte, écrit-elle, a été confectionnée dans ma province ancestrale Ghazni. Les talibans ont récemment démoli un site majeur du patrimoine mondial de Ghazni. Cette robe verte symbolise la résistance culturelle. La porter représente une défiance. ».

#DoNotTouchMyClothes, (Ne touche pas à mes vêtements) est le nom de la campagne qui a été lancée sur les réseaux sociaux par ces femmes afghanes du monde entier pour protester contre le code vestimentaire imposé par les talibans aux jeunes étudiantes afghanes. De belles photos de femmes afghanes le visage découvert et le poing levé portant des robes traditionnelles haut en couleur ont inondé les réseaux sociaux défiant les talibans et l’obscurantisme de tout bord. Vive les femmes afghanes, vive la résistance, vive la culture de la Vie.