Les tensions et affrontements ont repris, aujourd’hui, entre les citoyens de la ville de Agareb et les forces de l’ordre, suite à un rassemblement de citoyens près de la décharge d’El Kenna, pour revendiquer à nouveau la fermeture de cette décharge. A noter l’usage du gaz lacrymogène contre les protestataires qui n’a pas manqué d’en rajouter une couche, à l’heure où la crise environnementale dans toute la région ne cesse de prendre des proportions de plus en plus « politiques » au fil des jours.

La délégation d’Agareb, gouvernorat de Sfax a connu, par ailleurs, une grève générale décrétée par le syndicat local. Le secrétaire général de l’Union locale du travail à Agareb, Fathi Mbarek, avait annoncé, plus tôt dans le journée, que le taux de réussite de la grève générale avait atteint 100%. Mbarek a dénoncé, dans des déclarations aux médias, la répression sécuritaire des revendications, qualifiées de légitimes, des habitants de la région.

Un décès, deux versions…

Des habitants de la région de Agareb ont accusé les unités sécuritaires, notamment sur les réseaux sociaux, d’utilisation excessive de gaz lacrymogène, provoquant un décès et des cas d’asphyxie, lors des mouvements populaires, observés depuis lundi, pour protester contre la réouverture d’une décharge, fermée par une décision de justice en 2019.

Une version des faits réfutée par le ministère de l’Intérieur qui affirme que le citoyen en question a trouvé la mort suite à un malaise survenu à son domicile, situé à 6 kilomètre du lieu des manifestations.

Selon Mourad Turki, porte-parole des tribunaux de Sfax, le rapport du médecin légiste n’a révélé aucune trace de violence physique sur le corps de Abderrazek Lachab.

« Le décès a été causé par une obstruction totale de l’artère coronaire gauche et des signes de congestion du cœur au niveau du muscle gauche », a-t-il déclaré, précisant que le défunt souffrait d’une maladie du cœur.

Enquête de l’INPT

L’Instance nationale pour la prévention contre la torture (INPT) s’est engagée, de son côté, à enquêter sur les circonstances du décès de Abderrazek Lachab.

L’instance a appelé le pouvoir exécutif, dans un communiqué relayé par la TAP et par plusieurs médias, à « ne plus recourir aux anciennes approches dans le traitement des manifestations populaires, notamment l’intervention massive des forces de l’ordre, l’usage de dispositifs non-conventionnels et inappropriés à l’environnement ou au contexte, et les violations des droits fondamentaux des détenus garantis par la loi ».

Elle a mis en garde contre l’adoption des « solutions sécuritaires traditionnelles dans les mouvements populaires, qui ont, non seulement prouvé leur échec par le passé, mais laissé de graves séquelles sur la santé des citoyens. »

En somme, disons simplement que la montée de violence lors des récents événements à Agareb et les derniers affrontements entre citoyens et forces de l’ordre constituent, à n’en pas douter, la première véritable « grande crise » pour le gouvernement Bouden. Il va sans dire qu’il s’agit, par la même occasion, du premier véritable « grand défi », notamment d’ordre social, pour ne pas dire véritable premier « examen sérieux », dans son exercice du pouvoir, pour le Président Saïed depuis un certain 25 juillet.

S.B.