Malgré la réputation  de la Tunisie comme étant l’une des meilleurs destinations  de  la chirurgie esthétique, on entend à chaque fois parler d’une intervention qui a  mal tourné . La Tunisie est pionnière en matière de tourisme de santé (dont la chirurgie esthétique) mais on se doute bien que le secteur doit toujours être protégé contre les charlatans et les prédateurs….

En fait, le débat a rebondi  avec  l’histoire de « Karima » , histoire a  provoqué  une grande  polémique, hier, sur les réseaux sociaux, tout autant que des interprétations passionnées.

Mais par  centaines de « stories » sur Instagram, des influenceuses ont exprimé leur chagrin après le décès de Karima.

Une amie de Karima a déclaré sur les ondes d’une radio privée, hier, que « deux chirurgiens esthétiques lui avaient refusé une liposuccion, car ils considéraient que la défunte n’en avait pas besoin, contrairement à une autre chirurgienne qui a accepté de l’opérer ».(cf Mosaïque Fm)

Selon la même source, Karima avait effectué toutes les analyses demandées  et que  le résultat ne révélaient rien d’anormal.

Dans une déclaration accordée à  » le Temps news », le président de l’Ordre des médecins, Ridha Dhaoui a indiqué qu’il  y a tout un processus dans des cas similaires. Généralement ils reçoivent des plaintes par des citoyens ou par les structures elles- même qui les  informent des décès.  Le ministère de la Santé effectue  une inspection  et l’ordre des médecins se base sur l’échelle des sanctions pour  prendre des mesures. . Les sanction peuvent aller d’un simple avertissement jusqu’à une radiation temporaire,  voire définitive. Mais il faut mentionner que le risque 0 n’existe pas »

 

Médecine esthétique et publicité

Dans un communiqué publié par l’Ordre des médecins  sur sa page officielle le 12 novembre, des dépassements et différentes plaintes ont été enregistrés au niveau de l’Ordre des Médecins concernant l’exercice de la médecine esthétique par des médecins non qualifiés et la participation de ces médecins  à  la pratique illégale dans des centres dits esthétiques, sans aucune valeur éthique avec des pages sponsorisées  et des forfaitisations des actes à visée purement commerciale.

Dans le même contexte, l’Ordre des médecins a indiqué qu’ il   ne ménage  aucun effort pour « l’organisation de ce secteur dans le cadre du respect du code de déontologie médicale ,en attendant la parution prochaine du nouveau arrêté mettant à jour la liste des spécialités et des compétences. »

 

Charte de Communication pour les actes médicaux et chirurgicaux à visée Esthétique

 

Certes, en Tunisie on n’a pas encore de lois spécifiques à la chirurgie esthétique mais l’Ordre des médecins a, pourtant, publié une charte intitulée « Charte de communication pour les actes médicaux et chirurgicaux à visée Esthétique ».

Dans la première partie, l’Ordre des médecins souligne la nécessité » d’éviter d’induire en erreur, de faire naître de faux espoirs et des attentes irréalistes, ou de diffuser une publicité qui risquerait de déconsidérer la profession médicale et nuirait à l’intérêt public. »

Selon la même source, le Code de déontologie des médecins interdit les témoignages d’appui ou de reconnaissance trompeurs ou qui pourraient susciter de faux espoirs quant aux résultats.

Le recours à des influenceurs ou bloggeuses ou instagrammeuses pour se faire de la publicité contre une récompense financière  ou soins gratuits est strictement interdit et inacceptable, d’après la charte.

Par contre, pour les photos avant-après en médecine esthétique, elles ne sont pas interdites sauf qu’elles » ne doivent pas être présentées comme une garantie de résultat ».

 

Absence d’une loi spécifique à la chirurgie esthétique en Tunisie

Une série de lois faisant partie du Code de déontologie des médecins  a été  également mentionnée par       l’Ordre des médecins dans le même communiqué.

Selon l’article 15, il est interdit à un médecin d’exercer en même temps que la médecine, une autre activité incompatible avec la dignité professionnelle.

D’après l’article 16, La médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce. Tous les procédés directs ou indirects de propagande et de publicité sont interdits aux médecins.

Article 22 : Sont interdites à un médecin toutes pratiques propres à déconsidérer sa profession.
Article 23 : Les seules indications qu’un médecin est autorisé à mentionner sur les feuilles d’ordonnances et les annuaires sont :
1) Celles qui facilitent ses relations avec ses patients : nom, prénom, adresse, numéro du téléphone et heures de consultation.
2) La qualification qui lui aura été reconnue par le conseil national de l’ordre des médecins.
3) Les titres et fonctions universitaires et hospitalières qui doivent préciser la faculté ou l’hôpital dont il s’agit. Ces titres et fonctions doivent être ceux en cours au jour de l’indication. Les titres et fonctions ayant précédé l’indication doivent obligatoirement être précédés de la mention « ancien ».

Article 86 : Un médecin ne peut avoir qu’un seul cabinet. Tout cabinet médical doit être soumis à l’approbation préalable du conseil régional de l’ordre des médecins territorialement compétent qui vérifie sa
conformité aux dispositions de l’article 12 du présent code.

 

La Tunisie  » un eldorado de la chirurgie esthétique »

La Tunisie est, depuis quelques années, une plaque tournante de la chirurgie esthétique. Le pays avec ses services de santé donne , pour des tarifs raisonnables, à « des gens ordinaires, et non seulement aux élites de la jet-set »  la possibilité de transformer son corps, et l’espoir de mieux se réaliser grâce à cette transformation », lit-on dans le livre  « Aesthetic journeys: a review of cosmetic surgery tourism  » cité dans la « La communauté des professionnels de santé ».

Dans la même optique, les activités de la deuxième session de la Conférence Africaine sur le Tourisme Médical ont débuté, hier, en Tunisie, sous l’égide du ministère du Tourisme et de l’Artisanat et du ministère de la Santé et avec la participation de plus de 20 pays arabes, africains, européens et asiatiques, c’est ce qui ressort d’un communiqué publié par le ministère de la Santé.

A cette occasion, le ministre de la Santé a fait part de la position de la Tunisie concernant le domaine du tourisme médical en Afrique et dans le monde.

Il a ajouté que  la Tunisie est la deuxième destination de traitement en Afrique dans plusieurs spécialités, telles que les maladies cardiovasculaires, ophtalmologie, cancer et chirurgie plastique.

 

Ghada DHAOUADI