Prenant tout le monde de court, le Président a finalement brûlé la politesse à ceux qui tablaient sur le 17 décembre prochain, pour voir vers quelle direction irait le vent.

Il annonce donc son plan pour remodeler le système institutionnel avec, à la clé, des élections législatives dans un an, le temps de procéder à un référendum , comme il l’avait projeté, lequel référendum fera appel aux techniques du numérique. Entre temps, le Parlement restera gelé, ce qui signifie aussi qu’il n’y a plus de représentativité telle qu’exercée durant ces dix dernières années. Il sera procédé aussi (cela a toujours constitué le cheval de bataille du Président) à la mise en place d’un mécanisme d’amnistie pénale (pour ne pas dire, réconciliation pénale) , en vertu duquel ceux qui ont spolié le peuple et ses biens s’engageront, selon l’ampleur de leurs délits et en fonction des besoins des gouvernorats, à réaliser des projets (par ordre décroissant) pour le compte de l’Etat et au profit des citoyens.

Discours plutôt martial, et dans lequel le Président a rappelé les péripéties ayant conduit au 25 Juillet, sans omettre de revenir sur toutes les turbulences et les abus. Il a parlé de traîtrises, de ceux qui intervenaient à l’étranger pour que la Tunisie ne bénéficie pas d’aides, justement au moment où il prenait les choses en mains pour enclencher une vaste opération de vaccination, conduite par nos cadres médicaux et paramédicaux et le fantastique engagement de nos forces militaires et sécuritaires.  Cet engagement personnel a permis au pays de bénéficier de grands dons de vaccination et de réaliser un record du genre.

Le Président a donc dit son mot. La voie, du moins telle qu’il la concevait et telle qu’il la conçoit est tracée. Il n’a surtout pas manqué d’appeler les juges à revendiquer leur indépendance et à s’assumer, pour examiner, en toute éthique, les dossiers de ceux qui doivent rendre compte au peuple et à la Nation  pour leurs méfaits.

Au delà de tout, cela signifie aussi que nous serons pour une année  encore dans un Etat d’exception. Une commission se penche sur la révision des textes constitutionnels (cela suppose une constitution nouvelle et l’avènement de la troisième république, en remodelant aussi le code électoral). Quant à la nature du régime, le Président ne s’y est pas prononcé.

Raouf Khalsi