Par Slim BEN YOUSSEF

Il ne faut pas chercher à aller plus vite que la musique. Il n’est pas question, non plus, de brûler des étapes. Ni de se prendre à forcer le ton ou à brusquer la cadence, là où il serait plus sage de soigner la mesure. Ou, mieux encore, d’égrener délicatement les gammes, en caressant, à chaque fois, la note juste, afin que la mélodie retrouve le tempo et prenne, doucement, mais, sûrement, son rythme.

La subversion du « Saïedisme » émergent  contre un système décennal de corruption « institutionnalisée » –parce que c’en fut une-  n’est pas pressée d’aboutir.

Elle monte, seulement, en crescendo.

Aussi, le président Saïed aurait-il eu raison –après tout ?- de prendre tout son temps, depuis le 25 juillet, pour monter au pinacle et présenter –enfin !- ce qu’il aurait peut-être dû, d’après d’aucuns, annoncer des mois plus tôt ; ne serait-ce que pour éluder, parcours durant, une pression, intra- mais surtout extra-muros, pour le moins évitable. Il fait, certes, cavalier seul. Mais à quoi cela servirait-il de danser la farandole si, même ceux qui faisaient mine de le soutenir, depuis le 25 juillet, se sont rétractés un par un, rappelle-t-il, faute d’avoir reçu des « portefeuilles » ministériels.

Un calendrier on ne peut plus clair, une « feuille de route » des plus charpentées, avec des échéances bien précises, doublées de dates, qui plus est, symboliques.

Que demanderait-on de plus, à l’heure actuelle ? Sur la forme, le G7 est désormais servi. Sur le fond, il ne resterait plus que l’accord avec le FMI, pour affaisser totalement la pression. Et, sur ce point-là, c’est justement Najla Bouden qui s’en occupe –répartition des rôles oblige. Un projet d’accord ne devrait pas tarder, avait-elle martelé devant une ribambelle d’hommes d’affaires, lors des récentes Journées de l’entreprise. Cerise sur le gâteau : c’est l’« ami » Tebboune qui vient, en grande pompe, couronner les joutes.

Que l’on soit clair : le Président Saïed sort, décidément, le grand jeu.

L’optimisme, surtout, est plus que jamais de mise : nouvelle constitution, nouveau régime politique, nouvelle loi électorale, nouveau parlement, un nouveau « dialogue », de nouvelles « pratiques », de nouveaux « schémas » et l’on en passe. Que diable cherche-t-il exactement ? Instaurer la Justice suprême ? Bâtir la « Cité idéale » ? L’avènement d’un nouvel ordre social ? Une démocratie monumentale ? Une splendide dictature ? Créer, tant qu’on y est, la « Parfaite République » ? De optimo reipublicae statu, la meilleure forme de communauté politique ? Vaste chantier !

Les « nouveautés », en tout cas, font tache d’huile. Elles se pointent à l’horizon. Elles font, déjà, couler beaucoup d’encre. Et surtout, elles effarouchent les élites. Parce que celles-ci, conservatrices par défaut, n’aiment pas les nouveautés. Elles en ont horreur. Et c’est là que, réactionnaires par moments, elles se rebiffent ; elles s’impatientent ; elles se font morigéner, encastrées méli-mélo, dans leur panier à crabes.

Le « Peuple », lui, s’en bat carrément les reins… Mais que « veut » le peuple, au fait ?  Le référendum le dira!