Par Raouf KHALSI

Alors que l’effervescence s’emparait de la scène politique, calmement, Taboubi et son équipe réitèrent leur adhésion inconditionnelle au tournant du 25 juillet. Dans la même foulée, L’Ugtt et L’Utica scellaient la paix des braves, par l’entremise des majorations salariales au profit des employés du secteur privé. C’est que la paix politique et la paix sociale n’ont pas de prix, en cette conjoncture tumultueuse et dont on espère une issue sans heurts, surtout que l’Etat négocie un virage délicat en s’attaquant aux « gros poissons ».

Plus que jamais, c’est la paix que recherche le peuple. Et, plus que jamais, cette Nation a besoin de retrouver ses repères, les institutions ayant toujours constitué son propre roman des origines.

Quelque part, ils sont nombreux, comme Kais Saied, à espérer qu’un souffle purificateur vienne balayer les mauvaises herbes et qu’il sorte le pays d’une décennie où le peuple n’était vraiment pas maître de son propre destin.

Entre artifices de la rationalité, entre realpolitik et l’impérieuse nécessité de rétablir l’Etat dans sa solennité, il faudra bien aussi veiller à ce que les historiques partenaires sociaux, ainsi que toutes les autres organisations, toutes les composantes de la Société civile, eh bien, tout ce beau monde doit être consulté à propos de l’avenir de la Nation.

Non que cette grande consultation sur le numérique voulue par le Président ne sera juste que virtuelle. A priori, il n’y a même pas de raison de croire (comme l’avancent certains observateurs) qu’il s’agira là d’un plébiscite à la De Gaulle, simplement parce qu’en 1958, le transfert technologique ne s’était pas encore totalement accompli.

On sait que Kais Saied a toujours l’adhésion d’une grande masse de ceux qui l’ont propulsé à Carthage. Et, chaque fois qu’il perd quelques points dans les sondages, il trouve le moyen d’y remonter. Incontournable (un peu trop ?) le fait est là : le métabolisme du pays est suspendu au moindre mouvement de ses lèvres. Se sent-il lui-même à l’aise dans cette posture ? Est-il dans une élévation messianique ? Ne ressent-il pas la fameuse « solitude du pouvoir » ?

Peut-être gagnerait-il à transmettre un message unificateur, sans pour autant renoncer à l’essence de l’ascèse dont il fait son sacerdoce.

Aujourd’hui, il est en train de remuer des montagnes. S’attaquer à l’hydre islamiste n’est pas chose facile. Tendre la main à ceux qui veulent s’associer avec lui dans ce combat faciliterait bien des choses pour la Nation.