La Tunisie a achevé, fin décembre, son mandat de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU pour la quatrième fois de son histoire, durant la période 2020-2021. Un mandat qui a été marqué, notamment, par la présidence dudit Conseil, assumée en janvier 2021 ; ce qui constitue, cela va sans dire, un événement diplomatique de grande importance pour la Tunisie, qui plus est, sur fond de pandémie mondiale, doublée d’un contexte géopolitique régional et international, pour le moins que l’on puisse dire… « turbulent ». Le tout, dans un contexte politique, institutionnel et socio-économique, national, en pleine transformation…

Quel rôle la Tunisie a-t-elle « pu » jouer durant ce mandat, au sein du « gratin » de la communauté internationale ? Quelles sont les initiatives, s’il en est « phares », à souligner ? La Tunisie peut-elle se targuer, aujourd’hui, d’avoir été, eu égard à ses « moyens », à la hauteur de ses constantes diplomatiques, ses principes, valeurs et « ambitions » ? Peut-elle, ainsi, se faire fort d’avoir marqué, de manière positive –c’est-à-dire autant que faire se peut ! – son environnement géopolitique, du moins régional ? Et puis, quel est la valeur ajoutée de ce mandat sur les enjeux présents, mais surtout d’avenir de la diplomatie tunisienne ?

« La Tunisie a réussi son mandat »

« La Tunisie a réussi son mandat », s’enthousiasme, en tout cas, Othman Jerandi, qui, histoire de solenniser l’achèvement de cet épisode, a tenu une conférence de presse, vendredi 7 janvier 2022 au siège de son ministère, pour dresser un bilan de ce mandat et revenir, par là-même sur « un certain nombre de réalisations marquantes dans l’histoire de la diplomatie tunisienne » qui ont eu, d’après le ministre, « un impact important aux niveaux régional et international. »

Bien sûr, au-delà du discours protocolaire –à juste titre ! -, on ne peut que valoriser le rôle « constructif » et « positif » joué au Conseil de sécurité, qui a permis à la Tunisie, selon Jerandi, d’affirmer les constantes de sa politique étrangère fondée, notamment, sur l’attachement à « la légitimité internationale », « le respect de la souveraineté des États », « la non-ingérence dans leurs affaires intérieures » et « la défense des droits humains ».

D’après le ministre, la Tunisie s’est également montrée « réaliste » et « pragmatique », notamment durant les sessions qu’elle a présidées, afin de préserver, dit-il, l’unité du Conseil et de renforcer la réputation et la crédibilité de la Tunisie en tant que pays dont la politique étrangère se caractérise par la « modération », mais surtout, pour mettre sa diplomatie de la « persistance » et du « réalisme » au service des enjeux arabes et africains.

En effet, la Tunisie a assumé, au cours de ce mandat, la responsabilité de représenter les pays arabes et les États membres africains, sachant que les questions inhérentes à la région arabe et africaine représentent plus de 80 % des travaux du Conseil, insiste à souligner Jerandi.

Le ministre a passé en revue, par ailleurs, les « thème phares » de la diplomatie tunisienne, qui a réussi, d’après Jerandi, à défendre ses intérêts et ses positions à l’égard de certaines questions ; à commencer par la cause palestinienne, présentée comme priorité de la politique étrangère de la Tunisie, en passant par le dossier libyen, la question syrienne, ou encore le dossier yéménite, ainsi que les différentes questions arabes et africaines.

Initiatives présidentielles

En gros, le ministre a souligné la réussite de la politique multilatérale qui a prouvé qu’elle constitue la pierre angulaire de l’action internationale et des relations bilatérales, énumérant par là-même les participations de la Tunisie, représentée « de haut niveau » à différentes réunions, notamment par le Président Kaïs Saïed.

Dans le même contexte, Jerandi s’est particulièrement targué de l’adoption par le Conseil de sécurité de la déclaration présidentielle proposée par la Tunisie, dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, appelant à renforcer les moyens de coopération internationale et régionale en matière de renforcement des capacités, d’échange d’informations et de coopération avec le secteur privé et la société civile pour développer et mettre en œuvre des moyens plus efficaces de lutter contre la rhétorique extrémiste.

Le ministre s’est félicité, également, de la résolution 2532 de 2020 initiée par le président Saïed et adoptée à l’unanimité par ledit Conseil. Présentée conjointement par la Tunisie et la France, cette résolution avait pour objectif de mettre immédiatement un terme aux hostilités dans le monde pour faire face à la pandémie mondiale.

Interrogé, par nos soins, sur la tenue du prochain sommet japonais « TICAD 8 », Othman Jerandi nous a révélé que cet événement, de prime importance pour la Tunisie selon lui, se tiendra, en effet, en août 2022. Il s’agit, d’après le ministre, d’un évènement économique de grande envergure internationale, puisqu’il réunira un nombre important de Chefs d’Etat, Chefs de gouvernement, hommes d’affaires et différents bailleurs de fonds internationaux. Evoquant la réussite, devenue proverbiale, du TICAD au Kenya, Othman Jerandi a assuré qu’il y aura, de même, un après TICAD en Tunisie, soulignant que ce sommet aura un impact très important sur l’économie tunisienne.

Sur un autre front, Othman Jerandi n’a pas pu éluder le thème de la conjoncture économique et financière actuelle de la Tunisie et les difficultés à trouver soutien et financement auprès des bailleurs de fonds internationaux. « Contrairement à ce que certains tendent à propager, la Tunisie n’est pas boycottée par les puissances occidentales », a martelé le ministre, indiquant que la Tunisie s’engage à entamer un cycle de profondes réformes, en vue de redresser l’économie et améliorer la situation financière du pays dans les années à venir.

Slim BEN YOUSSEF