La BCT a rendu public hier son rapport annuel sur la supervision bancaire.   En dépit de sa forte capacité de résilience face au choc du covid, le secteur bancaire et financier n’a pas été à l’abri des turbulences macroéconomique et sanitaire.  L’année 2020 a été marquée par la baisse du résultat net dégagé par le secteur bancaire contre une progression à deux chiffres en 2019 soit -37,9% contre +13,5% pour s’établir à 815 MDT. Pour l’exercice 2022, on n’est pas sorti de l’auberge. Le stress test élaboré par la BCT fait ressortir un résultat net de 391,6 MD en 2022 selon le scénario de base et un déficit de -1 124,5 MD selon le scénario le plus sévère.

Au cours de l’année 2020, la BCT a conduit pour la première fois de son histoire un exercice de stress test dans l’objectif : d’appréhender sur un horizon de 3 ans l’impact du choc macroéconomique lié à la crise COVID-19 sur certains paramètres du risque de crédit ; d’évaluer de façon proactive la capacité de résilience du secteur bancaire face à ce choc ; et de mettre en place les mesures macro-prudentielles proactives pour préserver le secteur bancaire. Les résultats agrégés des 11 banques ayant fait l’objet de réunions stratégiques avec la DGSB (Direction générale de la supervision bancaire) montrent une nette détérioration du ratio de solvabilité, du résultat net et la part des créances classées et des besoins de fonds propres en 2022. Les besoins en fonds propres devront remonter à 262,8 MD contre 124,9 MD en 2021 et 4.3 MD en 2020.

2 milliards de dinars de financement exceptionnel pour 2700 bénéficiaires

L’encours des crédits à l’économie a enregistré en 2020 une progression de 5% contre 3,1% en 2019 pour s’établir à 95 009 MDT. Cette évolution s’explique, principalement, par les mesures de report d’échéances et la dynamique introduite par les mesures exceptionnelles adoptées par le Gouvernement et la BCT. Les crédits aux professionnels ont été tirés, essentiellement, par la hausse des engagements des entreprises publiques qui ont augmenté de 1,7 milliard de dinar en 2020 (+26,8%). Quant aux crédits aux entreprises privées et en dépit des reports d’échéances et des crédits exceptionnels COVID, ils ont progressé uniquement de 2,4% en 2020 soit le même taux affiché une année auparavant. Ces crédits ont profité, principalement, aux secteurs de l’industrie, du commerce, de la promotion immobilière et du tourisme qui ont accaparé près de 80% desdits crédits. Par ailleurs, il convient de préciser que le volume des reports d’échéance des crédits professionnels a atteint 4,7 milliards de dinars à fin 2020 et ce, au profit de plus de 19 mille bénéficiaires. Les financements exceptionnels se sont élevés à 2 milliards de dinars à fin 2020 et ce, au profit de plus de 2700 bénéficiaires.

Hausse de 5,8% de l’endettement des particuliers

Pour ce qui est de l’endettement des particuliers, il a totalisé 25 452 MDT à fin décembre 2020, soit une progression de 5,8% contre 0,4% en 2019. Cette augmentation s’explique aussi bien par le report des tombées des crédits aux particuliers d’un montant de 1 milliard de dinars et par l’accroissement rapide des crédits à la consommation ayant surtout touché les crédits d’aménagement de logements et les dépenses courantes. Elle s’explique également par l’accélération des crédits à l’habitat (3,8% contre 1,9% en 2019). Pa ailleurs, l’endettement des particuliers par rapport au PNB est passé de 21,6% en 2019 à 24% en 2020 mais reste relativement faible par rapport à d’autres pays comparables.

La part du secteur public dans le total des actifs des banques est passée de 13,2% en 2019 à 16,5% en 2020 contribuant à l’accroissement de l’exposition des banques au risque souverain.  En 2020, l’endettement bancaire de l’Etat et des entreprises publiques s’est accru de 26,6% passant de 17 160 MDT à la fin de 2019 à 21 732 MDT à fin 2020. Près de 32% de cet accroissement est expliqué par l’augmentation des prêts syndiqués.

En dehors des dispositifs prudentiels et de supervision mis en place par la BCT pour protéger le secteur bancaire des chocs endogènes et exogènes, les institutions de crédits demeurent exposées à un risque élevé aussi bien de crédit que de solvabilité en relation avec la détérioration continue de la notation souveraine du pays.

Yosr GUERFEL AKKARI