L’analyste à l’agence de notation américaine Moody’s, Mickaël Gondrand a indiqué le 25 janvier 2022 que la Tunisie est appelée à identifier avec plus de « clarté », ses sources de financement, pour stabiliser sa note souveraine.

Lors de son intervention dans une conférence en ligne, organisée par le club finance de l’Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (ATUGE), portant sur le thème « Le Risque de défaut des pays, est-il réel? », l’expert a estimé que le secteur domestique (ménages, entreprises et gouvernement) est incapable, à lui seul, d’assurer ces financements.

« En l’absence d’un accord avec le Fonds Monétaire International (FMI) qui permettrait de cristalliser les autres sources de financement concessionnel, la sortie sur le marché international demeure actuellement, problématique pour la Tunisie ».

Selon la même source, « avec un déficit budgétaire et un endettement élevés, les besoins de financement du pays restent énormes non seulement pour cette année mais pour les années à venir également …En tant qu’agence de notation financière, nous ne préconisons pas de réformes particulières. Seul, le profil de crédit du pays nous intéresse. Par conséquent, si les sources de financement ne sont pas assurées, la Tunisie risque un défaut de paiement de sa dette « , a-t-il indiqué.

Rappelons que l’agence de notation Moody’s, a abaissé la note souveraine de la Tunisie en octobre 2021, de « B3 » à « Caa1 » avec une perspective négative, ce qui la classe dans la liste des pays appartenant à la catégorie « Risque élevé » de non remboursement de la dette.

A noter que pour Gondrand, cette notation, révisée tous les deux ans, reflète l’affaiblissement de la gouvernance et une incertitude accrue quant à la capacité du gouvernement à asseoir des mesures pour garantir un accès renouvelé aux sources de financement.

Il a ajouté qu’un accès à un financement de type concessionnel, reste tributaire d’un nouveau programme avec le FMI, faisant remarquer qu’un tel programme nécessite un plan de réforme « crédible », qui soit surtout, soutenu par les partenaires sociaux.

Il est à mentionner que ces réformes doivent impérativement, porter sur la maîtrise de la masse salariale, la révision de la subvention et la restructuration des entreprises publiques comme le préconise le FMI, a-t-il insisté, déplorant, dans ce contexte, l’incapacité des gouvernements successifs à mettre en œuvre un programme de réforme « cohérent ». 

Dans le même contexte, l’économiste Radhi Meddeb, a relevé que le gouvernement actuel n’a plus d’autre choix, aujourd’hui, que de parvenir à un accord avec le Fonds Monétaire International qui reste  » la clé qui permettrait de déverrouiller d’autres sources de financement ».

D’après lui, plusieurs accords de financement bilatéraux sont assujettis à un accord avec le FMI, à l’instar de ceux qui ont été discutés avec l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis. « Nous sommes, donc, dans l’obligation de trouver un accord avec le Fonds, lequel ne veut plus d’un accord formel, mais exige cette fois-ci, un accord exécutable, crédible et qui soit surtout adopté par les centrale syndicale et patronale », a-t-il souligné.

(Ghada avec TAP)