L’allaitement maternel est le moyen le plus naturel et le plus adapté pour nourrir un enfant. Les bienfaits de l’allaitement maternel exclusif sont reconnus aussi bien au plan nutritionnel qu’au plan affectif. A l’heure actuelle, l’abandon de l’allaitement maternel constitue un problème de santé publique en Tunisie. En effet, malgré les efforts d’information et d’éducation, la situation se dégrade comme en témoigne la présidente de l’association « Hanen », Dr. Zohra Marrakchi qui a indiqué, à Radio Med, que seulement 13 % de femmes tunisiennes optent pour l’allaitement naturel, estimant que ce taux est faible compte tenu des bienfaits du lait maternel pour la mère et l’enfant.

Depuis des années, de nombreuses initiatives ont été entreprises pour encourager l’allaitement au sein. Lancée en 2018, l’association « Hanen » avait pour objectif la promotion de l’allaitement maternel. En effet, et selon Dr. Marrakchi, l’absence de cette culture dans la région du nord-ouest, qui enregistre les taux les plus bas, nous a poussés à créer cette association et à sensibiliser les citoyens aux avantages de l’allaitement maternel et à développer les compétences et les capacités des professionnels de la santé dans le domaine de l’allaitement maternel.

Les vertus du lait maternel

Dr. Marrakchi a souligné que l’allaitement maternel permet le développement harmonieux et l’épanouissement de l’enfant par les hormones de l’attachement qu’il mobilise et le comportement de maternage qu’il implique. Le lait maternel contient des facteurs anti-infectieux, il a une action préventive des phénomènes atopiques, il réduirait le risque d’obésité et de diabète. Il est bon à la fois pour l’immunité de l’enfant, mais aussi pour la prévention des maladies non transmissibles lorsqu’il devient adulte. Seulement 13% des femmes pratiquent l’allaitement maternel. La Tunisie est loin de la pratique mondiale, où 40% des enfants sont nourris au sein durant les six premiers mois et même pas un tiers des nouveau-nés sont mis au sein durant la première heure qui suit leur naissance.

Ces chiffres inquiètent les praticiens et le ministère de la Santé car les vertus du lait maternel ne sont plus à prouver. En Tunisie, la durée du congé maternité, qui se résume à seulement dix semaines après l’accouchement dans le secteur public et à trente jours dans le privé, contribue à cette situation. En effet, « le milieu professionnel n’offre souvent pas un environnement adéquat. Il existe pourtant une loi en Tunisie qui oblige les entreprises comptant plus de cinquante femmes à avoir au moins une salle pour l’allaitement ou permettre à l’employée de tirer son lait et de le conserver dans un frigo », explique Zahra Marrakachi,

Il est vrai qu’environ 50% des mères choisissent de pratiquer l’allaitement maternel. Dans l’étude tunisienne de Ben Slama « seulement 20% des femmes donnaient le sein dès la première heure après l’accouchement, et 58.5% des femmes optaient pour la mixité très tôt et avaient recours au lait artificiel. Les motifs donnés par ces femmes étaient essentiellement le manque de temps (29%), l’allaitement exclusif au sein fatigant (15%), et le refus du sein par l’enfant (24%) »

« La bulle des mamans »

Nombreuses sont celles qui commencent à allaiter, puis abandonnent après seulement quelques semaines, souvent par manque d’aide et d’informations, d’où l’importance d’être bien conseillé. Dora Ladjimi, conseillère en lactation, est allée plus loin en créant une start-up, La Bulle des mamans, qui propose un accompagnement pré et postnatal. En banlieue de Tunis, elle reçoit chaque semaine des jeunes mères pour les informer sur la meilleure façon d’allaiter, les techniques à utiliser, les positions d’allaitement, que faire si l’on a des crevasses, comment, quand et où tirer son lait, faut-il réveiller le bébé pour le faire téter, est-il possible d’avoir trop ou pas assez de lait, les fréquences des tétées, l’alimentation de la maman…

Beaucoup d’insuffisances au niveau des connaissances et du comportement restent à combler en matière de promotion de l’allaitement maternel, en particulier dans le domaine de la communication entre les femmes et les professionnels de santé en mettant l’accent sur l’information et l’éducation des mères pendant les séances de vaccination, de consultations pédiatriques et prénatales ainsi sur la nécessité de l’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de la vie. Comme élément important de la santé publique, l’allaitement maternel doit donc être protégé, soutenu et encouragé.

Mais la vaccination peut-elle avoir des effets sur l’allaitement ? Plusieurs mères qui allaitent ne sont pas sereines face au vaccin. Elles se questionnent sur l’ARN Messager et ses effets secondaires. Il n’y a pas à ce jour de contre-indication à la vaccination pour les femmes allaitantes. L’OMS recommande la vaccination aux femmes allaitantes au même titre que les autres adultes. Dans une déclaration au journal le Parisien, le Docteur Salama, gynécologue à Paris, explique : « Contrairement à ce qu’on lit sur Internet, l’ARN messager ne va pas intégrer l’ADN humain et le modifier. C’est une molécule très fragile qui va être très vite détruite par l’organisme dès sa détection. Ce n’est pas un virus que l’on injecte directement avec l’ARN messager. Comme il n’est pas infectieux, il n’a aucune raison pour passer dans le lait. »

   Kamel BOUAOUINA