A moins de deux mois du premier tour de la présidentielle 2022, le candidat écologiste, Yannick Jadot, a pris la parole sur une place publique, mardi 8 février, pour tenter de faire décoller une campagne où l’urgence climatique a peu de place. Environ 500 personnes ont assisté à ce meeting de rue organisé en plein air sur une place de Rennes par Yannick Jadot et ses soutiens écologistes. Dans le public, de nombreux jeunes étaient présents. Bon nombre d’entre eux semblent perdus face aux multiples candidatures à gauche en vue de la présidentielle 2022.

« Il y avait une vraie prise de risque d’organiser un meeting de rue comme ça, sur le temps du midi », estime Glenn André, l’un des leaders de la campagne de Yannick Jadot à Rennes. Dans cette campagne, où l’enjeu climatique a peu de place, le candidat écologiste à la présidentielle 2022 tente de se distinguer par sa « tournée des possibles » qui l’a déjà emmenée à Lyon et à Lille, ciblant clairement le vote de la population urbaine.

Sur la place Hoche, un petit podium a été installé, à quelques mètres de la Faculté de sciences économiques de l’université Rennes 1. Le public est en majorité jeune, mais on y retrouve aussi bon nombre de quinquas et sexagénaires qui sont engagés localement notamment contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, qui a été abandonné. « La preuve que quand on se bat, on peut gagner », lance Claire Desmares-Poirrier. Sur l’estrade, celle qui a mené la liste écologiste aux dernières régionales joue la chauffeuse de salle. Yannick Jadot finit par traverser la place au son de la version punk de « What a wonderful world » interprétée par The Ramones.

La défense du beau, de la liberté

Pendant vingt minutes, le candidat à la présidentielle présente son programme, taclant les ravages de l’agriculture intensive, dénonçant la précarité étudiante ou l’absence de soutien aux services publics. « Ce quinquennat est celui de l’inaction climatique. Nous avons soif d’un avenir bienveillant ». « Il dit ça, mais il est à 4 % dans les sondages », tacle discrètement une jeune femme dans le public pendant que le discours se poursuit. « Le combat des écolos, c’est la défense du beau, de la liberté », lance Yannick Jadot au micro.

Dans l’assemblée, on est loin de l’hystérie. Mais l’audience est attentive et reste en nombre pour écouter le candidat. « J’étais curieuse de venir écouter ce qu’il avait à présenter », témoigne Julie. Inscrite en première année de droit, la jeune femme de 18 ans a voté pour la première fois l’an dernier. Dans ses grands yeux bleus, on lit l’envie d’une gauche « sociale et écologiste ». « Quand je regarde les sondages, ça me désole. La gauche est tellement divisée que je ne sais même plus pour qui voter. Je suis perdue. Je cherche le meilleur choix pour éviter le pire », lance la jeune femme.

A ses côtés, son amie Laurine n’est pas plus avancée. Elle reconnaît avoir voté écolo aux dernières régionales en Bretagne et admire le côté « très humain, les pieds sur terre » de Yannick Jadot. Ce midi, elle était venue chercher des réponses sur les énergies renouvelables qu’elle n’a pas eues. « Tous les candidats semblent juste vouloir gagner. Il y a une guerre d’ego qui me dépasse. » Au moment de repartir en cours, les deux jeunes femmes ont apprécié le format de la prise de parole en pleine rue. « C’est accessible, tout le monde peut s’arrêter et écouter, que l’on vote pour lui ou pas. »

Un projet fort, un projet crédible

Assis un peu plus loin, Benoît et Hugo sont de fervents soutiens du candidat écologiste. Mais ils ne sont pas engagés politiquement. « Pour moi, c’est le seul qui incarne un vrai changement. Même s’il y a peu de chances qu’il soit président, je trouve que c’est important qu’il fasse entendre ses idées », estime Hugo. « Tous les experts évoquent l’urgence à agir pour le climat mais on en parle peu pendant cette campagne. C’est dommage », enchaîne Benoît.

Après un peu plus de vingt minutes passées sur scène, Yannick Jadot lance un grand « kenavo » et lève les bras au son de la chanson Bruxelles je t’aime interprétée par Angèle. Le candidat écologiste espère pouvoir compter sur les voix de la capitale bretonne, elle qui a élu cinq écologistes dans ses six cantons aux dernières élections départementales. « On a eu beaucoup de surprises sur le plan politique ces derniers temps. On a un projet fort, un projet crédible, c’est celui de l’écologie. Les Français et les Françaises vont s’en emparer », promet Yannick Jadot lors d’un point presse improvisé sur la place Sainte-Anne. Derrière lui, un musicien de rue joue quelques notes de trompette. Le signal d’une campagne enfin lancée ?

Réunion avec Christiane Taubira

Après les révélations d’une réunion dimanche avec les équipes de Christiane Taubira en vue d’une fusion des candidatures, Yannick Jadot n’a pas souhaité s’étendre. « L’équipe de Christiane Taubira voulait nous rencontrer. Ecoutez, nous sommes courtois, donc on les a écoutés. Vous savez, on est sûrs de notre campagne, on n’a pas de fébrilité. Et si Christiane Taubira se rangeait derrière lui ? « Je suis favorable à toutes les personnes de qualité qui voudraient nous rejoindre. Christiane Taubira a du talent, on a dans notre pays beaucoup de progressistes, d’humanistes qui sont déçus de toutes les promesses non tenues du président de la République ».

(agences)