Par Raouf KHALSI

Avec les récentes révélations en boucle sur les assassinats de Belaïd et Brahmi et ce qui s’est dit sur le PDG d’un opérateur de téléphonie mobile chez nous, le Qatar réémerge , et ce n’est pas le première fois. Peut-être que, dans l’implication qatarie dans nos affaires, il y a eu tellement de confusions, qu’on n’arrive toujours pas à comprendre qu’il y a « deux Qatar » , deux Etats qataris, le premier soufflant le chaud ; le deuxième souffrant le froid.

L’un des « deux Qatar » a réalisé des investissements importants dans notre pays. Et, cela, du vivant de Ben Ali. « L’autre Qatar » a plutôt investi dans l’idéologie islamiste, consentant, dit-on, de gros pactoles au Mouvement Ennahdha, tout comme l’a fait (de manière plus invasive la Turquie d’Erdogan : regardez le déséquilibre de la balance commerciale entre les deux pays !).

Qui a cherché à satelliser la Tunisie dans le giron qatari : le Mouvement Ennahdha, c’est clair. Et, pourquoi Doha, précisément ? Parce qu’Al Qaradhaoui en fait la rampe de lancement de la philosophie de « Frères musulmans », contre laquelle ne cesse de se battre Abir Moussi et que Saied regarde ostensiblement.

Au point où nous en sommes, et avec l’internalisation des affaires Belaïd, Brahmi et Dabboussi, un meilleur engagement de l’Etat tunisien, de sa diplomatie, cela s’entend, faciliterait la quête de la vérité recherchée par le collectif de défense des martyrs.

Car, si l’on doit continuer à ne parler qu’intra-muros, on ne fera que du sur-place et, surtout, face aux forces occultes d’une certaine Justice.

Mais, au-delà de ces affaires, les puissances occidentales sont en train de déverser leur courroux sur la Tunisie, telle qu’est en train de la redessiner Saied.

C’est à partir de là que se pose un sérieux problème de communication avec les Occidentaux, dont on connaît les schémas de pensée depuis que Marzouki a déroulé le tapis rouge en l’honneur de Mme Clinton, celle qui a donné naissance à Daech, au nom du Chaos créateur.

Il se trouve, en effet, que la diplomatie tunisienne est renfermée sur elle-même, que ce que veut le Président est très mal médiatisé en Occident, parce qu’il nous manque, justement, cette percussion diplomatique, vigoureuse des temps de Bourguiba, apathique des temps de Ben Ali. Dans cet esprit, M. Jerandi serait inspiré de prendre son bâton de pèlerin e de tenter de briser la glace dans les grandes places occidentales.

En aucun cas, les pamphlets de Saied et ses dénonciations ne sauraient éternellement dévolus à la consommation interne, comme le faisait l’ATCE. Une nouvelle idéologie a besoin de se faire entendre au-delà de nos frontières. Parce que le bal des chancelleries étrangères en Tunisie n’est finalement que bal masqué, comme dans les pièces de Pirandello. Jeu de masques.