Les agents municipaux ont poursuivi hier leur grève entamée lundi pour protester contre le refus des autorités de tutelle de mettre en œuvre des accords déjà signés avec les autorités de tutelle. Cette grève de deux jours, qui a concerné 350 municipalités réparties sur l’ensemble du territoire du pays ainsi que l’agence municipale des services environnementaux (AMSE) et de l’agence municipalise de gestion (AMG), a été très suivie.

« Le taux de suivi de la grève a atteint 100% vu que les agents municipaux sont à bout de patience. Ils ont besoin de reconnaissance, d’équipements et de conditions de travail sûres pour s’acquitter au mieux de leur mission », souligne Abdeljabbar Bettaïeb, membre du Bureau exécutif de la fédération rattachée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).

 Les agents municipaux réclament la réorganisation de la police environnementale et la détermination de sa mission, la révision du Code des collectivités locales et la révision des prérogatives du secrétaire général de la municipalité qui ont été majoritairement attribuées au président du conseil municipal, ouvrant ainsi la porte l’instrumentalisation des agents de collecte des ordures dans les luttes partisanes.

Ils revendiquent aussi la promulgation d’une charte professionnelle de l’agent municipal, la promulgation de statuts spécifiques aux agents de l’agence municipale des services environnementaux et de l’agence municipalise de gestion ainsi que la régularisation de la situation des ouvriers des chantiers rattachés aux municipalités et l’activation d’un accord relatif à la commémoration d’une journée nationale de l’éboueur.

La crainte du scénario de l’automne dernier

La grève des agents municipaux a engendré une paralysie totale de l’activité du ramassage et du transport des déchets, qui représente l’œuvre communale élémentaire : Conséquence visible et odorante : les ordures s’accumulent sur les trottoirs dans des poubelles qui débordent et dégagent des odeurs nauséabondes.

Cette situation déplorable risque de se reproduire vu que les négociations entre la fédération générale des agents municipaux et les autorités de tutelle sont toujours au point mort.

« Nous avons lancé le mot d’ordre de grève le 12 janvier dernier. Mais les autorités de tutelle n’ont manifesté aucune volonté de négocier la mise en œuvre de plusieurs accords conclus au cours des quatre dernières années avec la partie syndicale et la promulgation de certains décrets ministériels n’ayant aucun impact financier sur le budget de l’Etat », explique Abdeljabbar Bettaïeb.

Le responsable syndical brandit désormais la menace de l’escalade. « Une nouvelle grève d’une semaine et même une grève ouverte seront décrétées si les autorités de tutelle continuent à faire la sourde oreille face à nos revendications », prévient-t-il, indiquant que « nos villes risquent de crouler sous les ordures ménagères ».

D’après lui, l’indifférence des autorités transparait à travers leur manque de réactivité et d’anticipation en ce qui concerne la gestion des décharges publiques, révélant au passage que la décharge de Borj Chakir qui reçoit les ordures des 38 municipalités du Grand Tunis, soit 3500 tonnes de déchets par jour, arrivera à saturation très prochainement, ce qui risque d’engendrer une crise de déchets sans précédent dans la capitale !

La menace de nouvelles grèves à rallonge brandie par la fédération des agents municipaux et la saturation de la décharge de Borj Chakir ravivent les craintes d’une catastrophe environnementale identique à celle qu’a connu la ville de Sfax durant l’automne dernier. Entre octobre et décembre dernier, la deuxième ville du pays s’est transformée en dépotoir à ciel ouvert. Une crise qui a atteint son paroxysme le 7 novembre 2021 avec un soulèvement populaire et des affrontements dans la délégation d’Agareb, où les habitants ont refusé la réouverture de la décharge d’El-Gonna, dont ils ont obtenu la fermeture en 2019 sur décision judiciaire.    

 

Walid KHEFIFI