Le Brent pour échéance en mai, contrat de référence, est monté jusqu’à 139,13 dollars, à portée du record absolu, soit 147,50 dollars, qui date de juillet 2008. Disons-le d’emblée : la crise ukrainienne a impacté l’économie mondiale. Et… la Tunisie en fait naturellement partie. Plus concrètement encore : moins d’une vingtaine de jours nous séparent du mois du Ramadan. Plusieurs citoyens se soucient déjà de l’augmentation des prix de plusieurs produits. Sur les réseaux sociaux, ils expriment leur ras-le-bol des prix élevés. Tour d’horizon.

Dans une déclaration accordée au Temps news,  le président de l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur, Lotfi Riahi nous confie qu’il « y a une relation entre l’augmentation des prix en Tunisie et la flambée des cours du pétrole, car le prix du baril a une influence sur les coûts du transport », explique-t-il.

Céréales et denrées de bases

Pour les prix du blé, ils ont continué leur flambée pour dépasser le seuil de 11 dollars. Niveau le plus élevé depuis 14 ans, et ce, à cause du quasi-arrêt des expéditions de deux plus grands producteurs de blé au monde, la Russie et l’Ukraine, en guerre depuis le 24 février 2022.

A cet égard, Lotfi Riahi s’est montré plutôt optimiste : « La Tunisie ne sera pas à court de céréales, au moins jusqu’au mois de juin. » Et de rassurer encore : « Après quoi, nous nous attendons à une bonne moisson à partir du juin. »

Moez Joudi, pour sa part, se veut plutôt alarmiste. Sur Radiomed, l’économiste estime que la crise ukrainienne aura des répercussions, plutôt négatives sur l’économie tunisienne. Les prix pourraient s’envoler et atteindre les 50 dinars pour le kg de viande. La hausse des prix des hydrocarbures pourra toucher le pouvoir d’achat des Tunisiens qui risquent de devoir acheter, sous peu, le litre d’essence à 3 dinars.

Prix des carburants toujours en hausse

Et pour cause. Depuis le début de l’année 2022, les prix des carburants ont déjà connu deux réajustements. Après un premier réajustement le 31 décembre 2021,  le gouvernement revient encore à la charge le 1er mars courant pour majorer de nouveau les prix des carburants, comme suit :

  • Essence sans plomb : 2.220 DT le litre soit une augmentation de 65 millimes.
  • Gasoil sans soufre : 1.915 DT le litre, soit une augmentation de 55 millimes
  • Gasoil normal : 1.705 DT le litre, soit une augmentation de 50 millimes
  • Sans plomb « super » : une augmentation de 110 millimes. Le nouveau prix : 2.360 DT
  • Gasoil sans soufre « super » : une augmentation de 100 millimes. Le nouveau prix : 2100 DT

Guerre anti-spéculation

Entretemps, la spéculation bat son plein sur le terrain. Et ce, visiblement, au nez et à la barbe du Président de la République Kaïs Saïed qui semble, pour sa part, plus que jamais déterminé à « déclarer la guerre » à ces spéculateurs, accapareurs, et autres affameurs du peuple.

Le 2 mars, Saïed reçoit Bouden : des « groupes de pression » sont à l’origine de la spéculation et de l’augmentation des prix, martèle-t-il, menaçant que des lois seront mises en œuvre incessamment.

Incessamment ? Ce n’est pas la première fois, en effet, que le Président de la République parle de spéculation, et encore moins de lois dissuasives.

Le 23 février, Saïed insiste sur « la nécessité de contrôler les circuits de distribution » et de « lutter par tous les moyens légaux contre la monopolisation du marché et la spéculation ». Le 1er février, le président appelle à mettre en place un nouveau texte de loi relatif aux circuits de distribution, à même d’en finir avec les pratiques de monopole. Et l’on en passe : la rétrospective remonterait volontiers jusqu’au 25 juillet….

Ghada DHAOUADI