Le lancement d’un appel d’offres international pour l’impression des manuels scolaires tunisiens, remporté par une société turque, continue d’alimenter la polémique, non seulement dans les sphères éducatives, où certaines craintes quant à une éventuelle « ingérence turque » dans le contenu pédagogique ont été exprimées, mais aussi dans les cercles du patronat tunisien, notamment dans les rangs des fabricants de livres scolaires, qui ne cachent décidément pas leur déception, exprimant publiquement leur « étonnement » face à l’octroi de ce marché à une société étrangère.

Interrogé sur la question en marge du démarrage, lundi, des épreuves du bac sport à l’Institut sportif d’El Menzah, le ministère de l’Education Fethi Sellaouti tient à défendre les choix de son département et présente, ainsi, ses arguments.

« La société turque qui a remporté l’appel d’offres international lancé par le Centre national pédagogique (CNP) pour l’impression, la reliure et la finition des manuels scolaires de 2022-2023, a présenté la meilleure offre de prix (42,5 millions de dinars), a fait savoir, dans ce sens, Fethi Sellaouti, expliquant le recours à l’appel d’offres international par la hausse du coût global d’impression.

« L’impression des manuels scolaires coûtera au CNP 45,8 millions de dinars contre 24 millions de dinars auparavant, et ce, sans compter le montant de la compensation estimé cette année à 18 millions de dinars ce qui porte le coût global à 63 millions de dinars », a précisé le ministre, expliquant qu’un appel d’offres national a été lancé auparavant mais les imprimeries tunisiennes ont présenté des offres de prix exorbitantes qui dépassent les capacités du CNP.

« L’augmentation du coût de l’impression des manuels scolaires pourrait se répercuter négativement sur le prix d’achat et sur les équilibres financiers du CNP et c’est pour cette raison que le ministère a eu recours à l’appel d’offres international et ce, après concertation avec les instances spécialisées et avec le conseil de la concurrence », a-t-il indiqué, soulignant que la société turque n’interviendra, en aucun cas, dans le contenu des manuels scolaires qui est élaboré par le ministère.

Fethi Sellaouti a, en outre, signalé que la chambre syndicale des fabricants de livres scolaires a, elle-même, appelé le ministère de l’Education à lancer un appel d’offres international depuis le mois de novembre dernier.

A noter que le président de la chambre syndicale des fabricants de livres scolaires, Samir Karaba, avait annoncé, pourtant, que les imprimeries tunisiennes ont présenté une meilleure offre de prix et même inférieure à celle présentée par la société étrangère. Selon lui, un recours a été déposé à la commission supérieure de contrôle et d’audit des marchés publics pour contester les résultats de l’appel d’offres international.