Par Raouf KHALSI

Si seulement cela pouvait se diluer et ne pas faire comme l’irrépressible marée qui repousse l’océan vers le bas.

Allons-nous droit vers une catastrophe environnementale et, surtout au large, déjà assez pollué comme ça, du golfe de Gabès.

En revanche, les responsabilités, elles, sont diluées dans cette affaire.

Pour l’heure, c’est l’urgence. Après avoir sauvé l’équipage du tanker guinéen, il s’agit de circonscrire la propagation de ces substances polluantes mettant en péril notre frêle environnement et menaçant même le territoire national. Rien de moins.

La Tunisie, pays de la mer par excellence, dispose de logistique de premier ordre et d’effectifs hautement qualifiés pour intervenir. Sauf que la mer ne pardonne pas. Et elle est friande de substances qu’y déverse l’homme, elle qui est synonyme de pureté.

Ce n’est pas Tchernobyl. A à notre petite échelle, c’est à la fois grave et dangereux.

Sans doute, les autorités tunisiennes ne pouvaient-elles pas ne pas répondre au cri de détresse du XELO guinéen qui était dans l’incapacité de rejoindre Malte, sa destination programmée. Les autorités tunisiennes l’ont donc autorisé à pénétrer dans nos eaux territoriales. Or, le drame a quand même eu lieu : le naufrage. Les eaux, qui n’étaient pourtant pas trop troubles, ont pénétré à hauteur de deux mètres pour provoquer une monstrueuse fuite de toute la cargaison de Gazole. Normalement, les autorités ayant autorisé le tanker guinéen à naviguer dans nos eux territoriales, auront certainement pris des renseignements précis sur la matière qu’il transportait. Sauf qu’il est trop tôt pour établir une fidèle chronologie du drame. Tout comme il serait urgent d’attendre que les responsabilités soient délimitées.

Cela dit, il est sûr que cette affaire ne sera pas sans conséquences sur l’environnement et, particulièrement, sur le golfe de Gabès, jadis regorgeant de richesses maritimes (le Thon aujourd’hui bradé vers le Japon) , mais ne cessant d’être agressé par les prédateurs des mers, ces corsaires n’ayant aucun scrupule à violer le repos biologique.

A l’approche de l’été, les Gabésiens verront sans doute flotter ces drapeaux noirs sur les rivages d’une mer défigurée.

Et nous l’aurons voulu.