Depuis deux ans, suite à la crise sanitaire mondiale du Coronavirus, nous avons passé un Aïd dans une ambiance un peu morose. Cette année, c’est plutôt la crise économique et la guerre en Ukraine qui a impacté négativement l’ambiance ramadanesque. A trois jours de l’Aïd, les Tunisiens se retrouvent à sec entre les dépenses pour les vêtements et l’achat des pâtisseries tunisiennes. Se procurer les deux, est un vrai luxe et n’est pas donné à tous les ménages ! Pourtant, les Tunisiens ont du mal à changer leurs habitudes et leurs traditions. Avoir des habits neufs, du moins, pour les enfants, est une chose primordiale. Quel que soit la source du shopping, le budget reste toujours limité.

Dans ce contexte, des habitants originaires de la ville de Sidi Bouzid se sont plaints de la hausse des prix des vêtements de l’Aid estimant que les prix ont triplé par rapport à l’année dernière.

 

Vêtements : la grande surenchère

L’un des intervenants a fait savoir que durant toutes les années précédentes, il était capable de mieux gérer son budget, mettre un peu d’argent de côté pour pouvoir acheter des vêtements à l’occasion de l’Aid précisant que cette année, il  a dépensé plus de mille dinars et malgré ça il n’a pas boucle tous ses achats. Une citoyenne a indiqué qu’elle refuse d’acheter des vêtements à des prix exorbitants étant donné qu’elle n’a pas les moyens de payer de telles sommes. Un constat confirmé par le président de l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur (OTIC), Lotfi Riahi, qui a confirmé que les prix des vêtements de l’Aïd El Fitr ont augmenté de 15 et 20 % par rapport aux prix de l’année dernière

La plupart des ménages, dont le budget est remis à rude épreuve par les dépenses ramadanesque, ont eu du mal à épargner pour s’offrir de nouveaux vêtements pour leurs enfants. En dépit de l’ouverture nocturne des magasins, l’afflux vers les centres commerciaux et en centre-ville était minime. Fini les bousculades coutumières devant les magasins pour cette année. Si quelques-uns, peuvent encore se permettre d’acheter du neuf, la plupart ont plutôt opté pour les magasins de fripe, les dépôts de vente, les vêtements de seconde main et les ventes en ligne qui offrent des prix plus adaptés à leurs budget leurs permettant ainsi de pouvoir économiser pour pouvoir acheter un peu de pâtisseries tunisiennes.

 

Qu’en est-il des gâteaux ?

Lotfi Riahi a fait savoir que les prix des pâtisseries de l’Aïd ont aussi enregistré une hausse d’environ 20%, par rapport à l’année dernière. Il a ajouté, dans une déclaration, que les prix de certains fruits secs ont augmenté tandis que d’autres ont baissé, tels que l’amande blanche et les noisettes. Cette hausse des prix impacte le prix de vente de toutes sortes de pâtisseries. Même préparer ses propres gâteaux à la maison, n’est pas du tout donné. En plus, face à la cherté de ses produits de base pour préparer les pâtisseries, notamment le sucre, les fruits secs, l’huile d’olive… nous devons nous attendre à quelques tricheries et quelques arnaques de la part des pâtisseries. Les fruits secs seront remplacés par les colorants alimentaires, l’huile ou le beurre par la margarine…

D’ailleurs, le ministère du Commerce a annoncé, que 80 équipes de contrôle sanitaire seront mobilisées, et ce à l’occasion de la fête de l’Aïd. Ces équipes seront chargées de contrôler les locaux commerciaux vendant les pâtisseries, a précisé ledit département. On rappelle que depuis le début du mois de Ramadan, 60 tonnes de produits alimentaires impropres à la consommation ont été saisis par les agents économiques.

Crise sanitaire ou crise économique, les deux ont impacté respectivement l’ambiance de l’Aïd. Devrions- nous accepter à vivre avec cette situation et voir nos traditions bafouées et mis à l’épreuve ? ou devrions-nous être optimiste et garder espoir que l’année prochaine sera meilleure ? Quel que soit la donne, les citoyens se trouvent entre l’enclume et le marteau.

Leila SELMI