Le pèlerinage de la Ghriba à Djerba, le plus vieux lieu de culte juif en Afrique et le deuxième dans le monde, reprend cette année entre les 14 et le 22 mai, après la nette amélioration de la situation sanitaire. Selon Perez Trabelsi, président de la Communauté juive à Djerba et président du comité chargé de l’organisation de ce rituel, près de 5 mille pèlerins juifs de différents pays dont la France, l’Italie et le Maroc seront accueillis à Djerba à partir du début de mois de mai.

S’agissant des préparatifs, le chef de la communauté juive a assuré que Djerba est fin prête pour accueillir ces visiteurs dans les meilleures conditions, étant donné que la date du pèlerinage coïncide avec le début d’une saison touristique qui s’annonce prometteuse.

Liens de fraternité

Outre la visite à la Ghriba, la région abrite, cette année, des événements importants dont le Sommet de la Francophonie. Trabelsi a affirmé que les préparatifs de ces rendez-vous touchent à leur fin et toutes les parties intervenantes ont rempli leur contrat en vue de donner une impressionnante image à l’île de Djerba et à la Tunisie.

Ainsi il a appelé les Tunisiens à participer à la réussite de cet événement tout en insistant sur le fait qu’il n’y aucune différence entre juifs et Tunisiens, s’agissant des liens de fraternité qui les unissent.

A la tête du comité d’organisation de cet évènement majeur pour les juifs des quatre coins de la planète depuis plus de 45 ans, Perez a évoqué l’histoire de ce rituel qui « revêt une dimension mémorielle et identitaire notamment pour les juifs tunisiens qui ont choisi de s’installer en Europe et à l’Etat hébreu au cours du XXIème siècle ».

En Tunisie le nombre de citoyens de confession juive est passé de près de 100.000 avant l’Indépendance (1956) à environ 1 300 (dont 800 à Djerba) en 2018. Ils ne représentent que 1 % d’une population à l’écrasante majorité musulmane.

Communauté restreinte mais vivante, gardienne de la pérennité du judaïsme séfarade en Afrique, regroupée sur l’île dans les villages de Hara Sghira et Hara Skira, elle cultive ses traditions aux yeux de tous.  Au cours du pèlerinage de la Ghriba, organisé chaque année au 33e jour de la Pâque juive, les pèlerins prient, allument des cierges et déposent des œufs barrés de vœux dans une cavité au fond de la synagogue.

Ils portent ensuite la Menara, pyramide portant les noms des douze tribus, couronnée d’argent, lors d’une courte procession étroitement encadrée par les sécuritaires.

Prélude à la saison touristique

Ce pèlerinage a toujours été un jour de fête, partagé avec les juifs orthodoxes qui vivent sur l’île en bonne intelligence avec la communauté musulmane. Unique aujourd’hui en terre d’Islam, cette mixité culturelle et religieuse. Un symbole fort de la tolérance et de la cohabitation entre les religions ! Un message d’amour et de paix adressé au monde entier.

D’où l’importance de veiller à réussir cet évènement sur tous les plans. La réussite de ce pèlerinage est un symbole fort du « vivre ensemble », d’esprit de coexistence que la Tunisie souhaite mettre en avant surtout au début de la grande saison touristique.

De plus, ce pèlerinage sera le témoin de la stabilité sécuritaire dans le pays. Tout cela est positif pour la Tunisie, son image et son tourisme. Sans oublier la vivacité économique et culturelle qu’apporte ce pèlerinage à toute la région.

Avec l’amélioration de la sécurité en Tunisie ces dernières années, et la publicité faite au pèlerinage, ce dernier renoue peu à peu avec sa fréquentation d’avant 2002, quand il attirait quelque 8 000 fidèles chaque année. L’économie tunisienne est en difficulté.

Mais la politique de tolérance et du « vivre ensemble » préconisée par les autorités commence à porter ses fruits, dans le secteur du tourisme au moins. Il faudrait que cela devienne, comme cela a été le cas pendant des siècles avec nos aïeux, un véritable ancrage identitaire. Et une manière d’être.

Leila SELMI