La recomposition du paysage politique se poursuit. Après avoir annoncé la création d’une coordination de partis sociaux-démocrates peu après le coup de force du 25 juillet pour se démarquer à la fois des partis nostalgiques du régime de Ben Ali, dont le porte-étendard  est le parti destourien libre (PDL) et du mouvement Ennahdha et ses satellites, désormais regroupés dans le « Front de Salut » conduit par Ahmed Néjib Chebbi, les partis Al-Joumhouri ( le Parti Républicain), Attayar (le Courant démocrate) et Ettakatol (le Forum démocratique pour le travail et les libertés) vont franchir un nouveau palier.

Les trois partis entendent désormais fusionner pour peser davantage sur le cours des événements et participer aux prochaines échéances électorales.

« Les négociations portant sur la fusion entre les trois partis qui ont en commun un ADN social-démocrate ont atteint un stade avancé. La naissance d’un nouveau parti unifié devrait être annoncée dans les prochaines semaines », souligne le secrétaire général d’Ettakatol, Khalil Ezzaouia. Selon lui, des personnalités nationales et des technocrates devraient aussi rejoindre le nouveau parti qui sera issu de la fusion.

La naissance nouvelle formation qui actera le rassemblement de la famille sociale-démocrate devrait aussi ouvrir la voie aux jeunes et aux femmes et proposer un nouveau programme politique, économique et social pour le pays, en rupture avec le projet de démocratie par les bases, prônée par le président Kaïs Saïed, et de ceux des deux autres principaux pôles d’opposition, en l’occurrence le Front de salut et le PDL.

Le 14 décembre dernier, soit le lendemain de la feuille de route, le Courant démocrate, Ettakatol et Al Joumhouri avaient organisé la première conférence nationale des partis sociaux-démocrates sur le thème « De la crise à la solution ».

Empêcher une restauration autoritaire

Ils avaient alors plaidé pour la restauration du processus démocratique et constitutionnel et souligné l’importante d’empêcher une restauration autoritaire dans un contexte d’accaparement du pouvoir par le chef de l’Etat. « Notre objectif est de barrer la route aux partis populistes, dont le mouvement Ennahdha, le Parti destourien libre et les coordinations qui soutiennent Kaïs Saïed », a souligné le secrétaire général du Courant démocrate, Ghazi Chouachi.

Les trois partis sociaux-démocrates ont aussi fustigé la paralysie des institutions et l’asphyxie économique que connaît le pays et tenu le locataire de Carthage pour responsable de cette situation en raison de l’absence d’une feuille de route de redressement économique et d’une approche unilatérale en matière de gouvernance et de réformes politiques.

En avril dernier, la coordination des partis sociaux-démocrates a également publié un communiqué dans lequel elle a dénoncé « une dictature rampante », tout en fustigeant la « récurrence des violations policières et judiciaires à l’endroit de certains acteurs de la société civile et opposants politiques » ainsi que «l’instrumentalisation des services de la police et de la justice et le harcèlement des opposantes », imputant au président de la République au ministre de l’Intérieur et  au ministre de la Justice la responsabilité de ces agissements.

Ils ont par ailleurs insisté sur « la gravité des discours du président qui accuse à tout bout de champ ses adversaires d’être des corrompus et des traitres à la solde des forces étrangères ».

Selon les observateurs, la fusion entre le Courant démocrate, Ettakatol et Al Joumhouri ne représente pas cependant un changement majeur au niveau des équilibres politiques de l’après 25 juillet. D’autant plus que ces trois formations, qui représentent une frange très limitée de l’électorat tunisien, sont loin d’être des partis structurés et fortement implantés dans les diverses régions du pays.

Walid KHEFIFI