Par Raouf KHALSI

Si l’on demandait aux Tunisiens ce qu’ils choisiraient entre le 25 juillet et le 24 juillet, ils pencheraient   vers le tournant de cet été de toutes les ferveurs, là où, même le meilleur devenait possible. D’où vient qu’aujourd’hui, qu’  ils soient nombreux à s’attendre au pire ?

Le 25 juillet a-t-il pris une autre tournure, en d’autres termes, un glissement vers une personnification du pouvoir ?

Si l’on entend par « personnification du pouvoir » à travers les décrets lois présidentiels, Saied n’aura finalement usé que de ce qui lui permettait une constitution biscornue, et taillée à « la discrétion des partis », comme dirait De Gaulle. En fait, c’est Ghannouchi et les siens qui ont rendu le 25 juillet possible. C’est le bureau opaque de l’ARP qui a viré vers la dictature. C’est ce système inégal des « trois présidences » qui affaibli l’Etat jusqu’à le clochardiser.

L’été dernier, Saied déclarait à la TAP que ce n’est pas à son âge qu’il s’improviserait dictateur. Soit. Sauf que le processus de refonte du système a mis beaucoup de temps pour émerger. Le référendum est-il une mauvaise chose ? Non. Les exclusions, si.

Saied croit fermement en son propre projet pour la Tunisie. Sauf qu’un référendum sur une donne encore floue est forcément sélectif. Nous sommes, donc, dans la logique du plébiscite.

Le problème, du moins, la grande inconnue reste cette nouvelle constitution. Il est clair qu’elle prendra des connotations présidentialistes. La constitution est-elle déjà prête ? A l’évidence, oui. Sadok Belaïd qui prônait le parlementarisme depuis la chute de Ben Ali, se serait-il miraculeusement reconverti ? Chez les constitutionnalistes, ceux-là mêmes qui travaillent sur des « gabarits », c’est un jeu d’enfants. Ils savent en effet jongler sur les concepts et sur les genres. Parce que la démocratie partant des bases, cela s’apparente à une démocratie directe, née dans la cité grecque. Est-elle praticable aujourd’hui ?

Le faux problème, en revanche, tient au dialogue national. Faux problème, parce que, nolens, volens, les organisations nationales y participeront et qu’elles se feront entendre. Saied ne saurait l’ignorer. Il reste alors les partis ? Lesquels ? Jusque-là, le Président a dicté ses conditions, mais n’a guère réellement tranché. Zouheir Maghzaoui ( Parti Echaab), pourtant tout acquis au tournant du 25 juillet, déclare qu’aucun message clair n’est sorti de Carthage.

La convocation des électeurs pour le référendum du 25 juillet a été publiée au JORT. Une seule question : êtes-vous, oui ou non, pour une nouvelle constitution ?

Quant au régime qui en découlera, on ne sait pas encore. C’est peut-être là le nœud gordien qui a poussé les doyens à se désister…

Sans doute aussi, parce qu’à l’instar de l’UGTT, ils prétendent à un rôle décisionnel. Et pas consultatif.

Et tout cela génère une espèce de cacophonie. Parce que la communication bat de l’aile. Si ce n’est qu’elle est plutôt labyrinthique.