Prendre en charge médicalement les fumeurs, les traiter avec des substituts nicotiniques, leur proposer des alternatives moins nocives pour les aider momentanément à se sevrer tels que la cigarette électronique ou le tabac chauffé, les suivre au quotidien, les soutenir et les accompagner au-delà de l’arrêt pour éviter la rechute, telles était les recommandations du trio de scientifiques présents mercredi dernier 22 mai 2022 lors d’une table ronde organisée par la plateforme médicale Med.tn à l’occasion de la journée mondiale sans tabac.

Dhaker Lahidheb, cardiologue, Zoubeir Chater, médecin spécialiste en diététique médicale et Ridha Ben Arif, spécialiste en pneumologie-asthme-allergologie-endoscopie bronchique ont tous les trois insisté sur le fait que l’assistance médicale constitue le fer de lance de toute politique de sevrage avec des chances de réussite élevées. Cette démarche a pour intérêt de susciter et de maintenir la motivation du patient qui se sent entouré et soutenu. Des thérapies cognitivo-comportementales et d’autres outils de supports sont essentiels pour garantir toutes les chances de réussites à l’effort de sevrage du patient. Le traitement nicotique de substitution est prescrit en fonction de la dépendance du patient fumeur et de son état de santé.

Les substituts nicotiniques sont destinés à compenser l’absence de nicotine due à la privation de nicotine disponible dans la cigarette et à prévenir ainsi les symptômes du sevrage (nervosité, irritation, faim, insomnie ..). La quantité de nicotine administrée chaque jour est diminuée progressivement pour éviter l’apparition de symptômes de manque. Les substituts de la nicotine existent sous plusieurs formes : comprimé à sucer, comprimé sublingual, gomme à mâcher, timbre (dispositif transdermique) ou dispositif pour inhalation.

En Tunisie, ces substituts ne sont pas disponibles sur le marché. Dhaker Lahidheb s’est exprimé à ce sujet avec une certaine amertume en précisant qu’il est inconcevable en 2022 de demander à des patients qui désirent arrêter la cigarette de ramener ces substituts de l’étranger. Il a ajouté qu’il peut recommander momentanément à ses patients d’utiliser le tabac chauffé comme solution alternative de sevrage dont la réduction de nocivité est estimée à moins de 90% en moyenne par rapport à la cigarette.

Ridha Ben Arif a reconnu, de son côté, qu’arrêter d’une manière progressive la cigarette est à la fois plus simple et plus efficace, la cigarette électronique peut aider dans un premier temps les fumeurs dans cette entreprise. Ce traitement de substitution permet au fumeur d’envisager plus facilement le sevrage, voire de réduire sa consommation avant l’arrêt total.

Le tabagisme cause chaque année plus de 13.200 décès en Tunisie, il est impératif d’agir maintenant et de faire en sorte que la loi dépasse le cadre légal et devienne une culture de manière à ce qu’elle soit appliquée spontanément par le plus grand nombre de Tunisiens comme c’est le cas dans plusieurs développés.