27, 28 août 2022, c’est-à-dire incessamment sous peu. La TICAD 8, autrement appelée Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, approche à grands pas. Enjeu majeur pour la Tunisie qui l’abrite cette année : saisir la balle au bond et profiter au maximum de cet événement économique de très grande envergure internationale, essentiellement en vue de booster, de manière substantielle et significative, la coopération japonaise en Tunisie, notamment en termes d’investissements.

Booster l’investissement ? Avec un total de 63,8 millions de dinars d’investissements en 2021, et 24 entreprises, employant pas moins de 15 200 Tunisiens (20 mille projetés en 2022), le Japon est, déjà, troisième investisseur en Tunisie après la France et l’Italie ; et ce, en termes d’investissements directs (IDE). Objectif « raisonnable », autrement dit « réalisable » pour la Tunisie : voir ces chiffres doubler, voire tripler à l’issue de la TICAD, outre l’élargissement des champs d’intervention et des perspectives de coopération économique, d’abord sur le plan strictement bilatéral, c’est-à-dire avec le Japon, mais aussi multilatéral, autrement dit entre pays africains, d’autant plus que la TICAD réunira, justement, plus de 50 pays du continent.

Du concret à la TICAD

Lors d’une conférence de presse tenue lundi par la JICA Tunisie (agence de coopération japonaise), l’ambassadeur du Japon Shinzuke Shimizu et Shuhei Ueno, représentant résident de la JICA ont tenu à présenter les défis et les enjeux de la prochaine TICAD, passant en revue un historique, décidément riche en chiffres, de la coopération japonaise en Tunisie depuis 1975. Du reste, l’ambassadeur souligne l’importance du secteur privé dans la prochaine TICAD, mettant l’accent sur le rôle du gouvernement pour soutenir le développement du secteur privé et améliorer le climat des affaires.

Du concret ? Le Japon proposera, en effet, pendant la TICAD, des financements au profit des start-ups tunisiennes et s’engagera pour promouvoir et encourager l’économie verte, outre une trentaine de projets « concrets » et « prometteurs » dans les domaines du numérique, de la santé et des énergies renouvelables, qui figurent dans le « livre blanc » réalisé par la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-japonaise.

Point phare : « La TICAD n’est pas une « enveloppe fixe » que le Japon accorde à un pays donné ; il s’agit plutôt d’une « opportunité », non seulement pour le pays qui abrite l’événement, mais aussi pour toute l’Afrique, d’attirer les investissements japonais », tient à souligner, surtout, l’ambassadeur Shimizu. Traduction : la Tunisie, (et l’Afrique) devrait prendre les devants pour savoir profiter de cette « opportunité ».

Climat des affaires

Prendre les devants ? Améliorer le climat des affaires, alléger les procédures administratives et réaménager le port de Radès étaient les principales mesures « attendues », à même d’attirer les investissements japonais sur fond de Ticad, nous avait confié l’ambassadeur Shimizu lors d’une interview accordée à notre journal en novembre dernier. « Il y aura un avant et un après Ticad », avait-il même martelé lors de cette même interview.

Question inévitable, dès lors, à la conférence de presse : qu’en-est-il, aujourd’hui, de ces mesures, à peine deux mois avant la TICAD ? Le gouvernement tunisien a-t-il œuvré pour améliorer le climat des affaires ? A-t-il installé un cadre juridique pour alléger les procédures administratives ? A-t-il ne serait-ce que pensé à élaborer une étude pour réaménager le port de Radès ? L’ambassadeur nous répond sans ambages : rien de tout ça n’a été fait. Il en rajoute même une couche : l’élaboration d’un plan de réformes et la signature d’un accord avec le FMI sont d’autant indispensables pour attirer les investissements japonais.

Inutile de commenter : la Tunisie risquerait-elle, sérieusement, de rater carrément le coche, pendant la prochaine TICAD ? Soyons positifs : il reste tout de même deux (longs) mois au gouvernement Bouden pour rectifier le tir. Saura-t-on saisir cette balle au bond ? Disons que, pour que le soleil (levant ?) puisse nous darder de ses rayons, il faudra, plus que tout, savoir se disposer pour profiter pleinement de sa lumière.

Slim BEN YOUSSEF

Photos – Maha LABIDI