Décidément, les relations entre le ministère de tutelle et la Fédération Tunisienne de Football (FTF), ou plutôt entre le ministre Kamel Deguiche et le président de l’instance fédérale Wadï Jerry, ne font que se détériorer. Après l’accalmie qui a suivi le dossier du Croissant Sportif Chebbien, c’est de nouveau la tempête. La dernière décision prise par la Commission de Discipline et du Fairplay de la FTF, au sujet de l’affaire du match Espérance Sportive de Zarzis – Espoir Sportif de Hammam Sousse et qui consiste à faire disputer un match d’appui entre l’Etoile Sportive de Metlaoui et l’ESH Sousse pour désigner l’équipe relégable, a rallumé la tension entre les deux parties.

Mais, avant cette nouvelle affaire, un autre litige est survenu entre les deux parties. Le ministère de la Jeunesse et des Sports avait demandé à l’instance fédérale de reporter le coup d’envoi du Play-off afin de permettre à la Commission d’Appel de siéger au sujet de l’affaire d’évocations entre le Club Africain et le Croissant Sportif Chebbien, une demande rejetée tout simplement par le Bureau fédéral, avec en plus un communiqué paru sur la page officielle de la FTF, dans lequel l’insistance fédérale insiste sur le fait que la correspondance du ministère reposait essentiellement sur l’évocation du CSC contre le CA, comme cela a été mentionné dans le rapport du chargé du contentieux de l’état auprès du Tribunal de Première instance de Tunis, toujours selon la FTF.

Verdict connu d’avance ?

Faisant fi de la demande du MJS, l’instance fédérale a fait jouer le Play-off, puis le Play-out, sans se soucier outre mesure des retombées d’une décision de la Commission d’Appel qui aurait pu donner une suite favorable à l’évocation du CSC. Mais, à la FTF, il semblait que le verdict  était connu d’avance et qu’il n’aurait aucune incidence sur la compétition.

Le ministère n’a pas réagi au communiqué de la FTF et n’a pas répondu aux allégations de l’exécutif fédéral, mais cela ne veut certainement pas dire que la tutelle allait rester les bras croisés face aux dépassements de la FTF.

Est venue ensuite l’affaire du match ESZ – ESHS et le communiqué alarmant de la FTF, à la suite d’une réunion tenue le soir même de cette rencontre, vers minuit, pour annoncer par la suite une série de décisions allant de la saisie du parquet, jusqu’à la transmission du dossier de ce match aux instances de la Fédération Internationale de Football (FIFA) en de solliciter sa collaboration pour élucider cette affaire. En même temps, le Bureau fédéral a confié ce dossier à « sa » Commission de Discipline et du Fairplay pour mener son enquête et présenter son rapport.

Ce fut  la montagne qui accoucha d’une souris. Le verdict de cette commission est tombé après quelques semaines, pour décider de faire disputer un match d’appui entre l’ESHS et l’ESM et de suspendre deux joueurs de l’ES Zarzis pour une période de 5 ans tout en leur collant une amende de 50 mille dinars chacun. Des décisions draconiennes prises sans présenter le moindre rapport au sujet de cette fameuse rencontre. Le président de la commission s’est contenté de déclarer à une chaîne de TV que la fraude et l’arrangement n’ont pu être établis, et que les décisions reposent uniquement sur une séquence vidéo parue sur les réseaux sociaux.

Cette décision a provoqué des incidents à Zarzis, Hammam Sousse et Metlaoui, comme elle a été refusée par les clubs concernés, à savoir l’ESH Sousse, l’ES Metlaoui et l’ES Zarzis,  alors que l’Olympique de Béja a été épargné.

Face à cette situation, le ministre a reçu le président de l’ESHS et le maire de la ville du Sahel. Une réunion qui a tourné autour du match de la dernière journée du Play-out et de la décision de ladite commission de la FTF.  S’en est suivie

une demande de la part du MJS à la FTF pour lui remettre tout le dossier concernant le déroulement du championnat, notamment l’accord préalable des clubs quant aux formules adoptées pour le Play-off et le Play-out.

Accusations de régionalisme

A la réception de cette correspondance, le président de la FTF a réagi, comme à son habitude, à travers un post sur les réseaux sociaux, reprochant au ministre d’avoir reçu la délégation de Hammam Sousse au moment où l’équipe de Tunisie disputait son match au Japon. Wadï Jerry a fait illusion également à un statut paru sur la page d’une personnalité de Hammam Sousse dans laquelle il fait allusion à une intervention des hommes de cette ville, dont Kamel Letaïef pour défendre les intérêts de leur club. Or, on sait que Kamel Letaief ne se mêle jamais aux affaires du foot ball, depuis déjà 1989.

Wadï Jerry a estimé que c’était une menace à sa personne et a répondu sous forme de menace que « les hommes existent dans toutes les régions de la République ».

Entretemps, le comité directeur de l’ES Zarzis a fait paraître un communiqué dans lequel il rejette les décisions de la Commission de Discipline et du Fairplay de la FTF concernant le match ESZ –ESHS accusant le président de la commission de favoritisme en faveur de son équipe préférée et qui, selon les responsables de l’ESZ, a même félicité l’OB sur les réseaux sociaux pour avoir assuré son maintien, avant de retirer son post. Le communiqué fait également allusion à un encouragement de la part de la FTF au régionalisme qui menace la paix sociale dans le pays.

L’ES Metlaoui a rejeté à son tour les décisions déjà annoncées, de même que L’ESH Sousse, et les deux équipes ont refusé de jouer la rencontre proposée par la commission. Entretemps, les instances fédérales poursuivent leur fuite en avant en désignant cette rencontre pour le 22 juin en cours.

Nous sommes bien curieux de connaître la décision de la FTF au cas où l’ESHS et l’ESM camperaient sur leur position et ne joueraient pas le match d’appui.

Cela dit, nous sommes en plein dans le mode opératoire  du président de la FTF: populisme, régionalisme,  complexe d’identification.  Il avait été se plaindre de Tarek Dhiab auprès de Rached Ghannouchi. Il a  » massacré  » Tarek Bouchammaoui; il a voulu démolir Ali Labaydh….Maintenant, il joue sur le régionalisme : il évoque le nom de Kamel Letaïef,  alors que celui- ci n’est même pas au courant de ces idiotes, petites turbulences . Ça s’appelle politiser le football et diviser les Tunisiens.

Hédi RASSAÂ