Elle a refusé de l’épouser, il l’a harcelée et l’a menacée de mort. Après un certain temps, il s’est présenté soudain devant elle pour la poignarder avec un couteau et l’a égorgée, lundi, en pleine rue et devant tout le monde, avant que les habitants de la région et les étudiants de l’Université d’El Mansourah puissent le contrôler. 

Une tragédie qui s’est répétée avec plusieurs autres femmes. Seuls les lieux et les manières changent d’un crime à l’autre, et finalement leurs noms disparaissent et se transforment en chiffres, ajoutés devant l’étiquette « Victimes », sans définir les différents facteurs qui ont favorisé d’une manière ou d’une autre leurs décès, et parfois sans responsabiliser le meurtrier comme il se doit.  

Nayera, elle s’appelle Nayera Achraf Abdelkader… 

Tuée alors qu’elle allait passer son dernier examen, cette jeune étudiante égyptienne ayant seulement 21 ans, rêvait jusqu’à la dernière minute de réussir son parcours académique. 

Selon son père, Achraf Abdelkader, le tueur avait demandé sa fille pour le mariage plus d’une fois, mais elle n’a pas accepté d’être engagée avec lui ou avec personne d’autre, car elle voulait poursuivre ses études jusqu’à la fin et elle ne voulait pas prendre une décision qui pourrait la confondre. Il a souligné, en outre, que le tueur menaçait souvent sa fille et lui créait des problèmes, malgré qu’elle a porté des plaintes et qu’elle l’a banni de tous ses comptes sur les réseaux sociaux.

Taux des violences faites aux femmes en Égypte : une situation alarmante.. 

Selon la Fondation Idrak pour le développement et l’égalité, 415 crimes de violence fondée sur le genre ont été enregistrés en 2020. D’autre part, plus de 813 crimes de violence à l’égard des femmes ont été signalés dans les registres officiels des tribunaux de la famille en 2021.

Un rapport publié par Amnesty en 2015 indiquait, en outre, qu’un nombre de femmes victimes interrogées ont décrit des violences physiques et psychologiques terribles, affirmant que leurs époux les avaient frappées, fouettées et brûlées, et dans certains cas enfermées chez elles contre leur gré. D’autant plus que des chiffres officiels autour des violences au sein du foyer, indiquaient à l’époque que près de la moitié des femmes interrogées par le ministère de la Santé ont déclaré en avoir subi.

Dans le même contexte, une autre étude publiée par UN Women en 2013, précisait que 99,3% des femmes égyptiennes affirmaient avoir subi un harcèlement sexuel et 91% admettaient ne pas se sentir en sécurité dans la rue. 

Ces chiffres et proportions de différents années et contextes prouvent que la situation des femmes en Égypte devient de plus en plus inquiétante et alarmante, tout en notant qu’il ne s’agit pas seulement de ce pays, surtout après que l’épidémie de COVID-19 a intensifié la violence contre les femmes et les filles dans les pays du monde entier, selon l’ONU Femmes.

Rym CHAABANI