Les concertations avec le FMI continuent de préoccuper l’opinion publique nationale. Le programme de réformes du gouvernement tunisien demeure un sujet brulant. Les réactions des parties politiques et des organisations nationales se multiplient entre ceux qui approuvent entièrement, ceux qui émettent des réserves et ceux qui rejettent tout en bloc. Question qui reste : les concertations avec le FMI sont-elles vraiment sur la bonne voie ?

Dans une déclaration accordée au « Temps news », l’économiste Ridha Chkondali explique qu’on « ne peut pas dire que les concertations avec le FMI sont en bonne voie vu qu’on trouve des déclarations contradictoires. Le président de la République parle de sociétés citoyennes et de réconciliation pénale dans le programme des réformes. Mais le gouvernement n’a pas mentionné ces points » « Il y a une seule solution afin de garantir la réussite des concertations avec le FMI; le Chef de l’Etat doit faire de compromis avec ses opposants politiques et l’UGTT. Car le programme de réformes concerne les Tunisiens et non pas la présidence de la République uniquement », a ajouté Chkondali.

Le Président Saied avait souligné, le 21 juin courant, lors d’un entretien avec le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Jihad Azour, la nécessité d’instaurer de grandes réformes tout en prenant en considération l’aspect social. Il avait rappelé, à cette occasion, que les droits fondamentaux de l’Homme comprennent le droit à la santé et à l’éducation. Kaïs Saïed avait exprimé son attachement à traiter les dossiers socio-économiques et financiers, particulièrement après les décennies de corruptions qu’a connue la Tunisie. Et de poursuivre que l’être humain n’est pas une « unité de calcul », indiquant, par ailleurs, que la crise à laquelle fait face, aujourd’hui, la Tunisie n’est pas seulement due à la mauvaise gestion mais elle est aussi le résultat d’autres facteurs, appelant à ce que toutes les institutions, qu’elles soient publiques ou privées, fonctionnent dans des conditions exemptes d’abus.

De son coté, Azour a affirmé que sa rencontre avec le chef de l’Etat a permis de passer en revue les réformes constitutionnelles, politiques, sociales et économiques qui ont été lancées depuis peu. Il a examiné, à cette occasion, avec le Président de la République le dossier de coopération entre le FMI et le groupe de travail gouvernemental tunisien et les perspectives de la situation économique en Tunisie et dans le monde. Azour a mis l’accent sur la solidité des relations de coopération entre la Tunisie et le FMI et l’importance des consultations entre les deux parties.

Pour sa part, la Cheffe du gouvernement Najla Bouden a présenté, mardi, lors de sa rencontre avec Jihad Azour, la démarche du gouvernement dans le domaine des réformes à moyen et à court termes, ainsi que les mesures de court terme. Bouden a souligné l’importance de la dimension participative adoptée par le gouvernement en vue de garantir la bonne exécution des réformes. Elle a passé en revue les axes du programme de stabilité économique et financière, ainsi que des nouvelles stratégies sectorielles visant à développer la structure économique et à booster l’initiative, en vue de créer des emplois pour les diplômés du supérieur.

Rappelons que l’Agence de notation « Fitch Ratings » a estimé  que le gouvernement tunisien et l’UGTT pourraient parvenir à un consensus sur un ensemble de réformes économiques de manière à débloquer le financement du FMI et à soutenir la position de financement extérieur du pays. Selon Fitch Ratings,  les tensions sur la future structure constitutionnelle entravent la conclusion d’un tel accord et augmentent les risques par rapport à la conclusion d’un programme de réformes entre la Tunisie et du FMI d’ici la fin du troisième trimestre de 2022.

La position de l’UGTT en relation avec les concertations avec le FMI a été évoquée, maintes fois. Pas plus tard que le 16 juin courant, Noureddine Taboubi avait appelé le gouvernement à présenter le document officiel qu’il lui a soumis, avec tous ses détails. « Si vous voulez négocier tant mieux, sinon, nous ne reculerons pas », avait-il averti. La situation économique du pays est floue; les résultats des concertations avec le FMI sont encore inconnues et plusieurs observateurs voient que la situation sera plus compliquée dans les jours à venir.

Ghada DHAOUADI