« En cas d’ingérence présidentielle, on va être les premiers à dénoncer et à informer tout le monde de ce que nous avons proposé et du contenu présenté auprès du Président de la République » : Sadok Belaid a transformé cette promesse en réalité lorsqu’il a décidé de publier le projet de constitution préparé par le comité qu’il présidait…

La lettre rédigée par le désormais ancien président-coordinateur du Comité consultatif national pour une nouvelle république, accompagnée d’une copie du texte intégral du brouillon de constitution, ont été publiées ce dimanche 3 juillet 2022 en exclusivité sur les colonnes de notre consœur Assabah. Un « scoop » qui a été au cœur d’un grand intérêt auprès de l’opinion publique nationale, au point que les exemplaires du journal Assabah furent épuisées dans les points de vente depuis les premières heures de la matinée.

Un scoop, à effet de « séisme », qui n’a pas manqué de provoquer illico le tollé, et ce, pendant toute la journée du dimanche, et qui continue encore de défrayer la chronique en ce début de semaine. Florilège.

Amine Mahfoudh : « J’ai été choqué par la constitution publiée au JORT »

Le membre du comité consultatif et professeur de droit constitutionnel Amin Mahfoudh a déclaré, lors d’une interview accordée dimanche à Shems FM (émission « Le grand débat »), que la version de projet de constitution publiée par Saied est dangereuse et ne peut pas établir un système démocratique.

« Nous avons demandé à Kais Saied de publier le texte du projet de constitution pour deux raisons : le droit du peuple tunisien de l’examiner, et pour que chaque partie assume sa responsabilité en comparant le projet final de constitution avec le projet soumis par le comité », a-t-il ajouté soulignant qu’il a été choqué par la constitution publiée au Journal Officiel.

Il a, en outre, critiqué les erreurs linguistiques existant dans le projet de constitution publié au Journal officiel de la République tunisienne soulignant qu’ils affectent la réputation de l’État et du JORT, et qu’ils ne peuvent être revues ou corrigées qu’en modifiant la constitution après le 25 juillet.

Zouhair Maghzaoui : « Un groupe secret avait rédigé le projet de constitution de Belaid »

Pour sa part, le secrétaire général du Mouvement populaire (Echaab), Zouhair El Maghzaoui, a déclaré qu’un groupe secret et inconnu avait rédigé la nouvelle constitution remise par Belaid au président Kais Saied, et ensuite publiée dans le journal Assabah. 

Il a souligné aussi que pour regrouper et examiner les propositions des membres du comité, Sadok Belaid et Amin Mahfoudh formaient un groupe secret qui choisissait discrètement ses membres parmi les participants au dialogue sans informer le reste de ce qui se passait.

« J’étais engagé au devoir de réserve, mais lorsque j’ai vu les déclarations de Belaid et Mahfoudh, j’ai décidé d’informer l’opinion publique de ce qui s’est passé. Beaucoup de choses se sont passées. Nous en avons discuté au cours des trois sessions tenues. Nous avons parfois exprimé notre protestation et donné nos opinions. Mais nous avons gardé le silence et n’avons rien dit dans les médias à l’époque.» a-t-il expliqué lors de son passage à la Radio IFM, ce lundi. 

Bouderbala : « On savait dès le début que notre rôle est à la base consultatif.. et  je comprends Belaid » 

En outre, le bâtonnier Brahim Bouderbala a dit, lors de son passage à la Radio Nationale lundi matin, que le comité chargé de préparer le projet de constitution est un comité consultatif et qu’avant d’y participer, chacun connaissait bien dès le début que la nature de son rôle est consultative à la base.

D’autre part, et en réponse à ce que Sadok Belaid a déclaré à travers sa lettre, publiée dans les colonnes de ce dimanche, par rapport au projet de constitution publié par le président au JORT, Bouderbala a affirmé qu’il y a des intersections entre les deux projets, et qu’à l’exception de la question économique y compris la justice pénale et la répartition des richesses nationales, la totalité du projet de constitution présenté par le Comité au Président Saïd a presque été abandonnée. 

« Sadok Belaid est une personne bien considérée et la valeur de son statut académique va bien au-delà de l’échelle nationale, et cette valeur fait de lui quelqu’un de sérieux que je peux comparer à un artiste. Cet artiste a peint et présenté une peinture, puis a trouvé des changements en elle. Si des modifications sont apportées à sa peinture, ses émotions seront touchées, donc moi je le comprends », a-t-il ajouté.

Rym CHAABANI