« Quand le bâtiment va, tout va ! », mais ce n’est pas le cas en Tunisie en ce moment, vu la crise économique actuelle et ses répercussions sur le niveau de vie des citoyens. Rappelons que le secteur de l’habitat a traversé beaucoup de difficultés durant les cinq dernières années et qui se sont creusées avec la pandémie de Covid-19. Vu la flambée des prix des logements, acquérir son propre logement est un luxe, qui n’est pas à la portée de tout le monde. Quelles sont les problèmes majeurs auxquels fait face ce secteur ?

D’après les chiffres publiés par l’Institut National de Statistique (INS), l’indice des prix de l’immobilier a augmenté de 9%, durant le troisième trimestre 2021 par rapport à la même période de 2020, sachant que les prix des appartements ont enregistré une hausse de 5.4% et les prix des terrains ont augmenté de 12,6%, entre 2015 et 2020. Une hausse justifiée par les promoteurs immobiliers, à cause de l’augmentation des prix des matériaux de construction,

Comment financer un logement ?

 

L’augmentation des prix des terrains, la pression fiscale, l’envolée des taux de crédits… Tous ces problèmes ont pesé de plus en plus sur l’octroi d’un bien immobilier auprès des Tunisiens de la classe moyenne. Face à ces difficultés le citoyen n’a pour solution que de s’adresser aux banques pour l’obtention d’un crédit, difficile à obtenir, vu aussi l’envolée des taux de crédit. Les banques sont devenues plus strictes et plus exigeantes ces dernières années surtout depuis la crise sanitaire du Coronavirus. Et malgré cela, selon la BCT, l’encours de crédits destinés à l’acquisition de logement a atteint 11,725 milliards de dinars en 2020.

Dans ce contexte, le directeur général de l’habitat au ministère de l’Équipement, Najib Snoussi, a affirmé à maintes reprises que les citoyens ne sont plus en mesure d’acquérir des logements. Il  a, par ailleurs, rappelé que l’Etat a mis en place plusieurs mécanismes pour faciliter l’acquisition des logements à l’instar du programme du premier logement ayant pour objectif d’aider les citoyens à moyens revenus d’acquérir un logement à travers la mise en place d’un crédit abordable avec des conditions favorables qui permet de couvrir l’autofinancement à hauteur de 20%.

Seuls 2mille logements disponibles

Mais cela n’est pas suffisant. D’ailleurs au mois de mai dernier, la ministre de l’Equipement et de l’Habitat, Sarra Zaâfrani, a déclaré que le ministère travaillait pour le réexamen du financement des logements. Un réexamen qui se fera en collaboration avec le fonds de financement Foprolos afin de présenter des projets dans ce sens, comme l’élévation de l’âge maximal pour l’obtention d’un crédit jusqu’à 70 ans, le prolongement de l’échéance de paiement de ce type de crédit à 30 ans ou le taux d’autofinancement qui sera revu à la baisse car le citoyen au vu de sa situation financière (inflation, pouvoir d’achat, crise…) est dans l’incapacité d’acheter une maison. Il est à signaler aussi que les demandes pour l’acquisition de logements sociaux dépassent de très loin l’offre, avec quelque 230 mille demandes pour seulement 2000 logements disponibles.

Il est temps de revoir la stratégie de l’habitat en Tunisie. Parce que, qu’on veuille ou pas, c’est l’investissement immobilier qui est menacé par conséquent. Selon des données statistiques publiées par le Ministère de l’Equipement et de l’Habitat, le parc immobilier en Tunisie compte quelque 3 millions de logements dont 37% sont considérés comme habitations anarchiques. Cela montre les difficultés d’accès au secteur immobilier structuré. D’après la même source, 30% de la population tunisienne ne disposeraient pas de moyens pour accéder à un habitat décent et 20% n’auraient aucune chance d’en avoir un. Y aura-t-il un moyen pour maîtriser la flambée des prix de l’immobilier et revoir toutes les difficultés qui entravent la relance de ce secteur ?

Leila SELMI