Plus de 9 millions d’inscrits et de réinscrits tunisiens sont appelés à se rendre aux urnes le 25 juillet 2022, pour exprimer leur acceptation ou leur rejet du projet de la nouvelle Constitution, publié au Journal officiel, le 30 juin dernier. 24 partis politiques, 27 associations et organisations et 110 citoyens ont été retenus pour participer à la campagne référendaire. Mais, aucun chiffre précis et clair sur la présence de la femme et sa participation dans ce processus électoral.

Un engagement notable des femmes:

Linda Kammoun, une jeune de 20 ans, qui participe actuellement à une campagne référendaire au gouvernorat de Sousse, a critiqué la dominance masculine dans la couverture médiatique des campagnes, en soulignant l’engagement et la motivation des femmes pour se rendre aux urnes le 25 juillet prochain.

Personne ne peut nier l’amélioration de la présence des femmes dans la sphère politique, depuis la révolution en 2011. Lors des élections municipales en 2018, les femmes ont pu accéder à 47% des sièges dans toute la Tunisie, grâce à l’obligation d’instaurer la parité verticale et horizontale dans toutes les listes. Cependant, on a remarqué qu’à peine 15% des plus de 1500 listes pour le scrutin législatif en 2019, avaient une femme à leur tête. Même si les choses tendent à s’améliorer, le chemin est encore long pour les femmes vers une véritable parité dans le paysage politique, en Tunisie.

Absence remarquable des statistiques:

L’Instance régionale indépendante pour les élections de Sousse n’avait pas des chiffres bien précis concernant le nombre total des femmes inscrites dans le registre électoral, dans le gouvernorat ou même une liste détaillée des participants à la campagne du référendum, au gouvernorat de Sousse.

Dans le même contexte, le président de l’Observatoire CHAHED pour le Contrôle des Elections, Naceur Harrabi a affirmé que l’Observatoire a alerté qu’à 6 jours du scrutin, l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections n’a pas mis à jour le nombre total des personnes inscrites sur le registre électoral et n’a pas encore publié la répartition des électeurs aux urnes par tranche d’âge et selon le genre. Il a considéré ce retard comme une lacune qui n’était pas prise en compte par l’ISIE, en affirmant que cette remarque est incluse dans le rapport de l’Observatoire, qui sera publié le 21 juillet courant.

Le 18 juillet 2022, l’ISIE a enfin publié des chiffres relatifs à la répartition des électeurs par tranche d’âge et sexe :

 

Un discours politique qui marginalise la question féminine:

L’enseignant-chercheur en sociologie Foued Ghorbali, a affirmé que la présence des femmes dans la sphère politique est directement liée au style du discours politique, et que le style utilisé lors de ce référendum, a totalement marginalisé la question féminine. Ghorbali a également déploré l’absence totale des femmes, surtout dans les médias.

Foued Ghorbali – Un discours politique qui marginalise la question féminine: by Kechiche K

 

La participation des femmes est essentielle:

De son côté, la présidente de l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT), Radhia Jerbi a souligné que la participation des femmes au référendum est un acte primordial qui mènera la femme tunisienne, éventuellement à accéder à des postes de prise de décision et à être plus représentée dans la vie politique.
«Il est temps pour les femmes d’exercer activement leurs droits et d’imposer leur présence réelle dans la vie civique et politique, afin de garantir l’égalité des chances réelle et d’instaurer une citoyenneté effective et véritable, au-delà des stéréotypes et normes sociaux typiques liées aux femmes. »

Jerbi a également souligné que L’UNFT invite toutes les femmes tunisiennes à se rendre aux urnes et à dire leur mot librement, sur le projet de la Nouvelle Constitution, peu importe leur position.

« On espère que le taux de participation des femmes dans ce rendez-vous électoral ne soit pas modeste, car leurs voix feront la différence, et car elles méritent une place meilleure dans l’arène politique. » a-t-elle déclaré.

Ce travail a été réalisé dans le cadre de la deuxième édition du programme « Mourasiloun », Reporters de la Démocratie Locale, organisé par la Fondation Internationale pour les Systèmes Électoraux (IFES), bureau de Tunis, qui vise à renforcer le journalisme local à travers un réseau de correspondants locaux.

Khouloud KECHICH