Tout au long des célébrations qui ont eu lieu le 25 juillet 2022 soir à l’avenue Habib Bourguiba et ses alentours, la majorité des slogans tournaient autour de 3 axes principaux : les appels à la responsabilisation pour les assassinats politiques, la commémoration des martyrs Belaïd-Brahmi et, enfin, la personne de Kaïs Saïed en tant que président. En analysant ces slogans, il semble clair qu’il s’agit essentiellement d’une réaction d’indignation associée aux déboires de la dernière décennie.

Lundi, 25 juillet 2022, à partir de minuit devant le théâtre municipal, un grand nombre de citoyens et citoyennes ont crié : « Fidèles au sang des martyrs, Vivant ! Chokri est vivant en nous ! Vivant ! Brahmi est vivant en nous!». De l’autre côté, un jeune homme est sorti de sa voiture au milieu de la route en criant : « On a récupéré notre pays ! Personne ne nous l’a offert, nous avons réussi seuls à le récupérer ! ». « Je vis à l’étranger, je suis venue en Tunisie spécialement pour assister à ce moment ! », confie une autre citoyenne.

Des scènes de célébrations qui ressembleraient plus à la clôture d’une « bataille » pour la « récupération » de tout un pays « pris en otage », une bataille qui a coûté la vie de nombreuses personnes… 

Commémoration des Martyrs et slogans anti-Ghannouchi

Dans le même cadre, beaucoup ont appelé à la responsabilisation pour les assassinats politiques devant le théâtre municipal et même pendant la visite rendue par le président Saied. « Saied, le peuple est avec toi ! La responsabilisation, monsieur le Président ! », ces messages adressés de la part de quelques citoyens directement à Kais Saied signifient qu’ils pariaient sur sa personne et sur son profil. 

Prononcé pour la première fois aux funérailles de Chokri Belaid, le slogan « Ghannouchi assassin » a marqué, notamment, toute la soirée. D’autres ont appelé à sa responsabilisation, et cela reflète peut être l’association de son nom avec les inconvénients de l’ancien paysage politique dans l’esprit d’une grande partie des Tunisiens.

©Ayoub Bel Hadj Salah, juillet 2022

Un « OUI » qui va au delà de la constitution et de la nouvelle république

Ces images et ces scènes devraient absolument être prises en considération comme facteurs décisifs et importants au niveau de cette nouvelle étape. Loin de la banalisation des différentes positions, analyses et opinions, il faut admettre, d’une part, qu’une importante partie des « oui » exprimée au référendum est basée sur la volonté de supprimer tous les phénomènes que la dernière décennie a englobé, y compris la corruption, l’instabilité et le népotisme. D’autre part, il faut reconnaître que même si cette confiance absolue existe et domine actuellement, l’incapacité à améliorer les conditions économiques et sociales et à stabiliser la situation générale pourrait tout faire chavirer, en un rien de temps. Alors, gare au faux pas…

Rym