La ville de Bizerte a vécu hier samedi 30 juillet 202 une grande effervescence à l’occasion de la sixième soirée de son Festival international, avec au programme la décidément infrangible Ziara de Sami Lajmi. Infrangible ?  Rien que dans la capitale du nord, elle en est déjà à son 14ème spectacle depuis 2015.

Cet événement de taille, attendu impatiemment par les nombreux fidèles assoiffés de chants soufis et de la musique traditionnelle et ancestrale tunisienne a été, faut-il le noter, d’un succès remarquable. Dans le but de faciliter l’accès aux nombreux spectateurs, les organisateurs ont même ouvert les portes de l’amphithéâtre de plein air plus tôt que prévu en fin d’après-midi.

Dans cet amphithéâtre, qui, rappelons-le, porte le nom de feu Abdelhafidh Ben Aissa, le public bizertin a cédé aux transports nostalgiques des années d’antan, bien aidé par le charme de cet espace ancré à l’intérieur de la muraille du fort d’Espagne au cœur de la vieille médina, qui plus enivré par les douces senteurs de l’encens et marqué par la renaissance de son histoire.

Grâce à une musique essentiellement inspirée du patrimoine mais agréablement déridée et adaptée aux tendances et aux différents goûts musicaux, les fidèles se sont laissé bercer par les notes renouvelées, l’histoire recréée et la jeunesse d’antan revécue dans une atmosphère agréable. Ce spectacle grandiose, à la fois spirituel, sonore, visuel et festif, réunit près de 103 artistes entre musiciens, danseurs et chanteurs qui ont interprété, quasiment à la perfection, une relecture des traditions et pratiques rituelles et musicales, inspirées notamment du répertoire de la « Issaouiya », « Al-Amiriyah », la « Chadhelia », entre autres confréries religieuses encore actives un peu partout en Tunisie.

Il faut reconnaître qu’entre le chant soufi, la danse illustrative, la mise en scène incandescente et les habits d’époque, le spectacle Ziara a dépoussiéré avec brio le patrimoine ancestral tunisien en le sublimant dans le langage contemporain, grâce à une remarquable interprétation d’une série de chansons Atiq dont « Min jitte Zaier », en passant par « Ya Wali Meknès » avant d’attaquer les airs connus du Cocktail Bizertin, qui ont enthousiasmé le public, à l’instar des titres comme « Abdelwahed moula safsaf », « Sidi Ali Hattab », « Ya Salah tol aâlia », « Cheikh Baba Aâliya », « Lella Manoubia »,» ou encore « Ya Sayida ya naghara » qui ont été présentés sous un jour musical nouveau qui était loin de déplaire.

Ce fut, un tour de chant complet, sérieux de bout en bout, qui a collé le public ; lequel a même réservé une grande ovation au brave Sami Lajmi et à sa troupe. Ovation, faut-il encore souligner, bien digne de leur prestation. Notons enfin que ce spectacle qui a drainé pas moins de 15.000 spectateurs, selon une source de l’organisation, pourrait inciter les responsables du festival de reprogrammer une autre soirée de la Ziara, En attendant, le théâtre de plein air Abdelhafidh Ben Aissa accueillera ce soir, la soirée spectacle de Sabri Mesbah..

                                                                                                                             Larbi MDAISSI