La crise économique que vit la Tunisie a incité plusieurs parties notamment le gouvernement tunisien et plus précisément le ministère de l’Economie et le la planification à élaborer de nouvelles stratégies et à parler de réformes pour surmonter la crise susmentionnée.

Internationalisation des entreprises tunisiennes sur le marché africain , un draft du plan de développement économique et social 2023-2025,  stratégie « Tunisie 2035 » et implication des startups figurent parmi les principales réformes évoquées par Saied.

« L’internationalisation des entreprises tunisiennes sur le marché africain, surtout l’Afrique subsaharienne, constitue aujourd’hui, une réelle opportunité pour accroître la croissance de l’économie Tunisienne et surmonter la situation économique difficile à laquelle fait face le pays actuellement », a indiqué le ministre de l’économie et de la planification, Samir Saied.
Intervenant lors d’une journée d’information et de réflexion sur l’internationalisation des entreprises tunisiennes vers le marché africain, organisée, mercredi, à Tunis, le ministre a estimé qu’en plus des programmes mis en place par le gouvernement en vue d’améliorer le climat des affaires, relancer l’investissement et la croissance, le secteur privé jouera un rôle clé en matière d’investissement, de création d’emploi, de richesse et d’exportation vers les marchés extérieurs.
 » Son rôle sera davantage consolidé et renforcé à travers la libéralisation de l’initiative, la suppression des autorisations, la promotion du partenariat public-privé(PPP), outre le renforcement de la bonne gouvernance « , a-t-il expliqué.

Renforcement du dialogue public-privé!

Et de poursuivre que cette journée d’information s’inscrit dans le cadre du renforcement du dialogue public-privé pour cerner les besoins et les attentes des entreprises souhaitant étendre leurs activités au-delà des frontières nationales, notamment vers les pays africains.
De plus, l’adhésion ( en 2018) de la Tunisie au marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) et à la Zone de libre-échange continentale africaine(ZLECAF) (en 2020), offrira un énorme potentiel de croissance de ses échanges avec le continent africain en facilitant l’accès à de nouveaux marchés, l’exploration de nouvelles opportunités de partenariat et d’investissement.
Concrètement, les exportations de la Tunisie vers l’Afrique s’élèvent , actuellement, à 1.46 milliard de dollar, ce qui ne représente que 9,5% du total des exportations au cours de l’année 2021, dont 7% vers la Libye, le Maroc et l’Algérie tandis que les exportations vers l’Afrique subsaharienne n’ont représenté que 2,5% du total des exportations.
Saied a affirmé, à cette occasion, que de multiples défis font actuellement obstacle à la percée du marché africain, notamment, le manque de liaisons aériennes et maritimes, la faiblesse de représentation diplomatique et le manque d’accompagnement bancaire.
En vue de donner un éclairage sur les opportunités existantes en Afrique aussi bien en termes de marchés cibles qu’en termes de produits et services à fort potentiel d’exportation, les résultats d’une étude élaborée par le cabinet Deloitte (acteur de référence en audit & assurance, consulting) en partenariat avec le ministère de l’économie et de la planification, le Conseil d’analyses économiques et l’Agence Française de développement (AFD), ont été présentés, à cette occasion .
D’après l’associée Deloitte, Emna Kharouf, cette étude élaborée au cours de la période 2018-2020, a priorisé 5 secteurs porteurs dans les 15 pays africains (dont 11 subsahariens)à port potentiel pour les entreprises tunisiennes; à savoir l’agroalimentaire, la santé et l’industrie pharmaceutique, le bâtiment et travaux publics, les technologies de l’information et de la communication(TIC), l’éducation et l’enseignement supérieur .
Elle a ajouté que 15 mesures ont été identifiées par cette étude pour faciliter l’internationalisation des entreprises tunisiennes sur les marchés africains .
Ces mesures s’articulent autour de 4 axes. Il s’agit de la diplomatie économique et le branding (marketing), l’accompagnement et l’appui, le financement et les incitations, outre la logistique et les douanes.
De son côté, le directeur adjoint de l’AFD Tunisie, Bertrand Ficini a fait savoir qu’un don de 3,8 millions d’euros a été confié à Expertise France afin de concrétiser ultérieurement certaines recommandations et mesures de cette étude. Et de rappeler que les entreprises tunisiennes sont les bénéficiaires finaux de ladite étude.

Le draft du plan de développement économique et social sera prêt à mi-septembre

Le premier draft du plan de développement économique et social 2023-2025, sera prêt à la mi-septembre 2022, a déclaré à l’Agence TAP, le ministre de l’Economie et de la planification, Samir Saied. »La version finale de ce plan devra être prête avant la publication de la loi de finances pour l’exercice 2023. Le plan de développement économique et social 2023-2025, aidera à surmonter la situation économique difficile à laquelle fait face le pays actuellement, en raison des retombées de la crise du covid-19 et de la guerre en Ukraine ». Concrètement, ce plan vise, selon le ministre, « à réduire les écarts de développement entre les différentes régions du pays, renforcer la compétitivité de l’économie nationale, créer des emplois, améliorer le bien-être des citoyens et réduire la pauvreté ». Il s’agit, également, « de promouvoir l’investissement privé dans les régions, à travers l’amélioration du climat des affaires, tout en prenant en considération la préservation de l’environnement ».Saied a souligné que les startups ont été invitées à enrichir ce plan par des idées et approches innovantes, reflétant « le dynamisme inédit de cette jeunesse talentueuse ». Pour rappel, le département de l’économie et de la planification a déjà organisé 7 réunions pour sept gouvernorats, sachant que ces rencontres sont programmées, à partir du 5 août 2022, dans tous les gouvernorats, dans le cadre du parachèvement de la troisième phase de l’élaboration du plan de développement 2023/2025. Ces réunions, qui se poursuivront pendant cinq semaines, seront une occasion pour discuter des politiques et programmes de développement ainsi que des orientations stratégiques régionales et sectorielles contenues dans les rapports de commissions (englobant tous les intervenants dans le domaine du développement), dont les travaux ont démarré depuis février dernier. Ces politiques devraient s’adapter aux mutations et aux défis actuels et mettre en place un nouveau modèle basé sur une meilleure exploitation des ressources et des spécificités de chaque région, afin de garantir une nouvelle dynamique économique et un développement intégré et durable dans le cadre de la stratégie « Tunisie 2035 « .Ces réunions permettront aussi, d’exposer et de débattre les suggestions et propositions de projets sectoriels et régionaux et de les étudier selon la priorité, les objectifs et la faisabilité.

Mais ces stratégies permettront-ils à l’économie tunisienne de voir enfin le bout du tunnel ?

Plusieurs experts ne ratent aucune occasion et expliquent dans des statuts rendus publics sur Facebook et dans des déclarations médiatiques que l’accord du  prêt du FMI est l’ultime solution pour surmonter la crise. Le programme national de réformes présenté par le gouvernement tunisien au Fonds monétaire international (FMI) sera présenté, début septembre 2022, au conseil d’administration du Fonds , a déclaré le ministre de l’Economie et de la planification. Le ministre s’est dit optimiste quant à la conclusion d’un accord avec cette institution financière internationale.
« Le problème ne se pose pas au niveau de la conclusion d’un accord avec le FMI », a indiqué Saied, soulignant la nécessité d’un accord interne entre toutes les parties afin d’identifier des solutions, compte tenu de la situation critique que traverse l’économie tunisienne.

Certains économistes estiment que les stratégies susmentionnées porteront leurs fruits et que l’économie tunisienne rebondira . D’autres par contre sont frustrés de la non-avancée des négociations avec le FMI. La situation économique n’est pas claire maintenant mais les jours à venir seront , certainement, déterminants .

Ghada DHAOUADI