• Reçue mardi par la reine Elizabeth II, elle devient officiellement première ministre du Royaume-Uni 
  • Elle succède à Boris Johnson à la tête du gouvernement 

Inflation galopante, grogne sociale, mesures post-Brexit… Liz Truss est très attendue sur la crise du coût de la vie. La nouvelle première ministre britannique fait son entrée à Downing Street, mardi 6 septembre, pour remplacer Boris Johnson, qui lui a promis son « fervent » soutien, dans une période particulièrement difficile pour le Royaume-Uni, confronté à une crise économique et sociale historique. Liz Truss a été officiellement nommée première ministre en début d’après-midi après avoir été reçue au château de Balmoral en Ecosse, la résidence d’été d’Elizabeth II, par la souveraine de 96 ans, qui lui a demandé de former un gouvernement. 

C’est la fin d’une longue course au pouvoir : deux mois après la démission du Premier ministre Boris Johnson et en pleine crise du coût de la vie, Liz Truss a été nommée à la tête du gouvernement britannique à l’issue d’un vote, ouvert aux quelque 200 000 membres du Parti conservateur. La cheffe de la diplomatie a devancé l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak. La ministre de 47 ans, restée fidèle jusqu’au bout à Boris Johnson quand les démissions au sein de l’exécutif se comptaient par dizaines début juillet, devient la quatrième Première ministre britannique depuis le référendum du Brexit en 2016, la troisième femme à ce poste après Margaret Thatcher et Theresa May dans l’histoire du Royaume-Uni.

La nouvelle locataire de Downing Street prend ses fonctions dans un contexte économique et social explosif, avec une inflation qui dépasse les 10 % et devrait encore considérablement augmenter, et une hausse exorbitante des factures d’énergie qui menace les familles comme les écoles, les hôpitaux et les entreprises. « Je présenterai un plan audacieux pour réduire les impôts et faire croître notre économie », a promis Liz Truss après l’annonce de sa victoire. « Je m’attaquerai à la crise énergétique en m’occupant des factures d’énergie des gens, mais aussi en m’occupant des difficultés à long terme d’approvisionnement en énergie », a-t-elle ajouté, promettant une « grande victoire » à son parti lors des législatives prévues en 2024.

Liz Truss a séduit en promettant des baisses d’impôt massives et en adoptant un ton très dur contre les syndicats. De son côté, Rishi Sunak, richissime ancien banquier, a perdu des points en prônant un réalisme économique loin des « contes de fées » et a été vu comme un technocrate donneur de leçons incapable de comprendre les difficultés des ménages britanniques. Dimanche, Liz Truss a assuré sur la BBC qu’élue, elle agirait « dès la première semaine » pour aider les Britanniques avec leurs factures d’énergie, refusant toutefois de préciser la nature concrète des mesures qu’elle comptait prendre. Elle a aussi souligné qu’elle présenterait « d’ici un mois » un projet de réforme fiscale pour faire face à la crise.

De premières annonces pour essayer d’endiguer la crise économique sont attendues probablement jeudi. Après s’y être opposée durant l’essentiel de sa campagne, Liz Truss pourrait annoncer un gel du prix de l’énergie, aux contours encore flous, pour venir en aide aux ménages et aux entreprises, selon les médias britanniques. Truss, qui prône des baisses d’impôts controversées pour relancer la croissance et un gouvernement resserré, aura fort à faire pour rassembler un Parti conservateur divisé, au pouvoir depuis douze ans. De nombreux députés lui préféraient Rishi Sunak, plus nuancé et jugé plus à même de gérer la crise. Les appels à l’unité se sont multipliés, menés par Boris Johnson, qui a demandé aux conservateurs de « la soutenir à 100 % ».

En politique internationale, Liz Truss, ministre sortante des affaires étrangères, soutient fermement l’Ukraine. Soucieuse de faire oublier son passé d’opposante au Brexit, elle défend bec et ongles ses « opportunités » – dérégulation et dumping fiscal – en fermant les yeux sur ses impasses, tant économiques que diplomatiques, pourtant flagrantes. Son refus de répondre à la question de savoir si Emmanuel Macron est « ami ou ennemi » du Royaume-Uni, sa dénonciation acharnée du protocole nord-irlandais, qui risque d’exacerber les tensions avec l’Union européenne (UE), semblent annoncer de nouvelles turbulences.

 (avec agences et médias)