Après plusieurs semaines de négociations laborieuses, le gouvernement et l’Union générale tunisienne dutravail (UGTT) ont signé, jeudi après-midi, un accord à minima sur l’épineux dossier des majorations salariales dans la fonction publique et le secteur public

Paraphé par la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden, et le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, lors d’une cérémonie organisée à la Kasbah, cet accord prévoit notamment le versement de majorations salariales dont les montants varient selon les catégories au titre des années 2023, 2024 et 2025.

Les salariés du secteur public (entreprises, offices et établissements publics) verront, quant à eux, leurs salaires majorés de 3,5% durant les mêmes années. Ces majorations seront calculées sur la base du salaire brut.  L’accord prévoit également une majoration de 7% du salaire minimum garanti (SMIG).

« Cet accord permet de restaurer une partie non négligeable du pouvoir d’achat des fonctionnaires qui s’est beaucoup détérioré », s’est félicité le secrétaire général de la centrale syndicale.

Subtil dosage

« L’UGTT est une organisation nationale qui sait procéder à un subtil dosage entre les revendications sociales et la situation économique du pays », a-t-il ajouté, en réponde aux voix qui ont critiqué les taux dérisoires des augmentations alors que l’inflation a atteint 8,6% en août dernier.

La cheffe du gouvernement a exprimé, de son côté, sa satisfaction quant à la signature de l’accord salarial.

« Malgré la situation économique et financière difficile, le gouvernement s’est attaché à ouvrir un nouveau round de négociations avec l’UGTT pour atteindre l’objectif commun d’instaurer la paix sociale », a-t-elle déclaré. Et d’ajouter : « Les difficultés économiques et financières n’ont pas empêché les deux partenaires de placer l’intérêt national au-dessus de toutes les considérations, pour parvenir à cet accord qui améliorera la situation financière des fonctionnaires et des salariés des entreprises publiques ».

Entamées fin août, les négociations sur la majoration des salaires des fonctionnaires et des agents du secteur public ont connu des divergences autour des années concernées et le taux de l’augmentation.

Une réunion au sommet entre le président de la République et le secrétaire général de l’UGTT a cependant permis d’aplanir les divergences

Début septembre, le gouvernement et l’UGTT avaient annoncé des « avancées majeures » sur l’un des principaux points inscrits à l’ordre du jour, en l’occurrence la circulaire N°20. Celle-ci cristallise depuis plusieurs mois le durcissement des relations et la rupture dans le dialogue entre le pouvoir exécutif et la centrale syndicale.

La circulaire adoptée en décembre dernier empêche en effet les ministres et les directeurs des entreprises et d’institutions publiques d’entamer des négociations syndicales sans l’accord préalable du chef du gouvernement.

Et maintenant les caisses sociales

Les négociations devraient d’autre part se poursuivre sur la contribution sociale de solidarité, un prélèvement sur les salaires destinés à financier le déficit abyssal des caisses sociales, ainsi que sur l’application d’un accord signé avec le gouvernement et l’UGTT le 6 février dernier et prévoyant la majoration des salaires dans plusieurs secteurs.

Dans le cadre des discussions avec le FMI pour obtenir un nouveau prêt, le gouvernement a promis le gel des salaires dans le secteur public, une mesure que l’institution financière multilatérale ne cesse de recommander aux autorités tunisiennes depuis plusieurs années. Mais l’UGTT a rejeté cette réforme, au nom de la politique sociale, de la défense des droits des travailleurs et du pouvoir d’achat des Tunisiens. La centrale syndicale avait d’ailleurs lancé un mot d’ordre de grève dans la fonction publique et le secteur public pour réclamer la majoration des salaires, la suppression de la contribution sociale de solidarité (1% du salaire), la restructuration des entreprises publiques.

Walid KHEFIFI