Le rideau est tombé hier sur la 5ème édition du Forum mondial de la mer de Bizerte, qui fut créé depuis 2018, et qui s’est imposé, au fil des années, comme l’un des rendez-vous maritimes phares du sud de la Méditerranée. Au total, plus de 500 intervenants, représentant plus de 40 pays, et des centaines de milliers d’internautes ont participé au Forum de Bizerte. Au-delà des réponses immédiates ou politiques, une réflexion prospective sur ce grand inconnu qu’est l’Océan s’est imposée pour cette cinquième édition du Forum de mondial de la mer. C’est donc à Bizerte, la pointe la plus septentrionale de l’Afrique, que les meilleurs experts, créatifs, et « mériens » internationaux et tunisiens se sont réuni vendredi 23 septembre 2022 dans un format resserré, scientifique et créatif pour réfléchir ensemble à ce que sera l’Océan et la méditerranée à l’horizon 2050.

Bien que ce rendez-vous se soit limité à une présence restreinte, il a été suivi par 30000 personnes à distance via le webinaire. Une journée durant, ces intervenants à l’image de Pascal Lamy, Gauthier Carle, Yann Briand, Catherine Chabaud,  Olivier Poivre d’Arvor, Joachim Claudet, Pierre Bahurel, Sieglinde Gruber, Mohamed Ali Marouani, Elyes Ben Rayana, Mounir Majdoub, Khadija Amine, Bechir Bejaoui, Rym Benzina, Mehdi Ben Haj, Jamel Jrijer et autres, ont axées leurs interventions sur les cinq thèmes principaux, à savoir : « la gouvernance, la géopolitique et la sécurité dans les océans et les mers », « climat et biodiversité et leur impact sur les peuples », « la connaissance, la science et l’innovation scientifique », « l’économie bleu, la technologie et énergies renouvelables », et un 5ème axe intitulé « Quelle méditerranée voudrions-nous à l’horizon 2050 ». Les experts ont exposé le résultat de travaux engagés, pour certains, depuis plusieurs années. Scénarios, modélisations, hypothèses et chemins de transition permettront à partir de cartes, de graphiques et de statistiques d’imaginer, de prévoir et de se préparer à un futur incertain sur fond de multilatéralisme et de gouvernance contestés, de positions hyper dominantes, d’ambitions économiques et de profonde dégradation climatique à l’échelle globale.

Cela dit, notons que l’alarmante submersion de notre littoral a fait aussi l’objet de bons résultats des projets de recherches scientifiques par l’Institut national des sciences et technologies de la Mer avec l’IRD pour lutter contre l’érosion des plages en méditerranée, notamment à Ghar El Melh, zone Ramsar riche et berceau d’un patrimoine social éminent remarquablement exposé par Mohamed Ali Marouani. Ce cinquième Forum de la mer a été clôturé hier par Leila Chikhaoui, ministre de l’Environnement. Les recommandations formulées au cours de ce forum, à travers le livre blanc qui sera publié incessamment, semblent alarmante. Les décideurs économiques et politiques devraient prendre conscience de ce cri d’alerte…

Force est de noter, d’ailleurs, la mobilisation, louable, de toutes les autorités régionales et locales du gouvernorat de Bizerte, et à leur tête le gouverneur Samir Abdellaoui, pour la réussite de cet événement. Cela est sans compter l’apport tout aussi louable des responsables au niveau national notamment, par le ministre de l’Environnement, l’Office du tourisme (ONTT) et autres organismes. Par ailleurs, malgré ce séjour assez court, les nombreux participants étrangers semblent avoir été très impressionnés, non seulement de l’accueil et de l’hospitalité, désormais « légendaire », des Tunisiens, mais surtout par les importantes visites guidées aux sites, monuments et vestiges historiques de la région de Bizerte comme ceux de la capitale Tunis.

                                                                                                Larbi MDAISSI