Par Samia HARRAR

Il y a des signes qui ne trompent pas. Et qui font peur. Dans la mesure où ils nous révèlent, comme cela a été le cas avec le déclenchement de la guerre en Ukraine, lorsque nous pensions, quasi tous, que la Russie, quand bien même elle en aurait agité l’épée, n’oserait jamais outrepasser le stade des menaces, en franchissant le pas, que le pire n’est jamais fini. Et que le passé, dans sa face la plus sombre, peut rebondir, pour nous asséner quelques vérités fondamentales, qui seraient de nature à nous électrifier. Et nous figer dans une angoisse qui n’est plus qu’existentielle, puisqu’elle doit nous obliger à nous réveiller. Pour regarder en face, l’état du monde où nous évoluons. Et pour comprendre que tous nos idéaux, nés, à l’issue des deux grandes guerres, qui nous auront révélé les horreurs absolues, dont peuvent être capables les Hommes. Qui sont des idéaux de paix et de fraternité, sont, de plus en plus, en train de s’effriter, et de s’effilocher, pour que nous n’ayons, bientôt plus entre nos mains, que le pâle souvenir de nos espérances, en une humanité qui serait rendue meilleure, parce que, fortement éprouvée par le passé, puisque, autour de nous, le spectre hideux du fascisme, jette son ombre effarante, troublant la quiétude de pays, où la montée de l’extrême-droite ces dernières années, pourrait faire, si les peuples n’y prenaient garde, que le cauchemar recommence. Et que des « chemises brunes » commencent à défiler dans les rues.

Que s’est-il passé en Italie, pour qu’une Giorgia Meloni, avec son parti postfasciste « Fratelli d’Italia, puisse être catapultée à la première place, en remportant le suffrage, dans des législatives, aux termes desquelles, avec ses alliances de la même « tribu » : la Ligue et Forza Italia, des Salvini et Berlusconi, elle pourrait aboutir à la constitution d’un gouvernement postfasciste, pour la première fois depuis cent ans ?

Suffisamment rodée à l’exercice, pour comprendre qu’elle avait tout intérêt à ne pas dévoiler tout son « jeu », celle qui a bâti sa campagne, sur les fondamentaux du genre : Patrie, famille, religion, se garde bien, par exemple, de dévoiler des velléités antisémites puisqu’elle préfère, tout en se prévalant avec force, des « racines chrétiennes » de l’Italie, casser du « sucre « sur le dos des musulmans et de l’Islam. En faisant un appel du pied à tous ceux qui partagent ses vues, dans l’Europe élargie. En en profitant, dans la foulée, pour ce qui est de la défense de la famille « traditionnelle », pour stigmatiser, sans les nommer, toute la « communauté LGBT », qui n’aura pas non plus, droit de cité, dans la nouvelle Italie.   Pour une « homophobe » affirmée, ce sera sans surprise. Quoiqu’il en soit, celle qui s’apprête à gouverner, si elle arrive au bout de ses ambitions, et ce n’est, hélas pas improbable, risque de tout chambouler de fond en comble. Dans l’intention, « inavouée », de mettre ses pieds, dans les pas de Mussolini. L’idole de ses jeunes années, qui n’aura pas contribué, pour peu, si l’on a bien compris, à nourrir ses ambitions.

Il est à craindre que l’Italie, cent ans après, soit sur le point de renouer avec ses vieux « démons ». Ce que nous ne lui souhaitons pas. Et il faut comprendre en outre, que ce ne sera pas sans incidence. Et pas que sur notre pays.