Le militant biélorusse emprisonné Ales Beliatski, l’ONG russe Memorial et le Centre ukrainien pour les libertés civiles, sont les trois lauréats du prix Nobel de la paix 2022. Ils ont été récompensés pour avoir « depuis de nombreuses années promu le droit de critiquer le pouvoir et protégé les droits fondamentaux des citoyens ». Un trio de représentants des sociétés civiles de l’Europe de l’Est très symbolique en pleine guerre en Ukraine. « Le comité Nobel norvégien souhaite honorer trois champions remarquables des droits humains, de la démocratie et de la coexistence pacifique dans les trois pays voisins Bélarus, Russie et Ukraine », a déclaré sa présidente Berit Reiss-Andersen. Les lauréats recevront chacun un diplôme, une médaille d’or et un chèque de 10 millions de couronnes (912 000 euros) à partager. Le prix sera remis le 10 décembre prochain à Oslo.

La présidente du comité Nobel norvégien se veut claire. Elle a immédiatement appelé la Biélorussie à libérer Ales Beliatski, 60 ans, emprisonné depuis juillet 2021. Figure du mouvement prodémocratie à partir des années 1980 en Biélorussie, le militant a « dédié sa vie à la promotion de la démocratie et du développement pacifique dans son pays », souligne le comité Nobel.

Toutefois, la présidente explique que ce prix « n’est pas dirigé contre le président (russe Vladimir) Poutine, pour son anniversaire (ce vendredi) ou quoi que ce soit d’autre, à l’exception du fait que son gouvernement, comme celui de la Biélorussie, est un gouvernement autoritaire qui s’attaque aux militants des droits humains ». Elle poursuit en évoquant qu’en Russie « la société civile et les défenseurs des droits humains sont réprimés et c’est ce que nous voulons signifier avec ce prix ».

L’organisation russe Memorial est devenue la plus grande organisation de défense des droits humains en Russie. « En plus d’établir un centre de documentation sur les victimes de l’ère stalinienne, Memorial a compilé et systématisé des informations sur l’oppression politique et les violations des droits de l’homme en Russie », peut-on lire dans le communiqué du comité.

Enfin, l’objectif du troisième lauréat, le Centre ukrainien pour les libertés civiles, est de « renforcer la société civile ukrainienne et faire pression sur les autorités pour faire de l’Ukraine une démocratie à part entière. »