La série « Harga  » de Lassaad Oueslati a gagné plusieurs prix notamment le prix de la meilleure série dramatique en 2021. Le feuilleton s’est distingué notamment par ses images choquantes et son scénario portant sur le phénomène de migration clandestine. Les scènes des parents qui pleurent les cadavres de leurs enfants ont touché plusieurs récepteurs. Mais que se passe-t-il lorsque ces scènes et ces images deviennent une réalité, comme fut le cas des 18 disparus à Zarzis. Un drame qui défraie la chronique depuis plusieurs jours, entre les « carrés » Instagram, les « colonnes » des journalistes et les « cris d’angoisse » des simples citoyens qui n’arrêtent pas d’exprimer à quel point ils sont touché par les images des cadavres, mais aussi par cette photo de la mère qui attend le retour de son fils, partagée par des milliers de Tunisiens.

Zarzis vit, en effet, le deuil depuis plusieurs jours : un bateau de migrants clandestins a quitté les côtes de Zarzis dans la nuit entre le 21 et 22 septembre 2022 avec à bord 18 personnes, pour la plupart des enfants de 16 à 18 ans, un bébé et deux femmes, avec qui tout contact avait été perdu, une demi-heure seulement après leur départ.

De larges opérations de ratissage ont commencé ce matin du jeudi 13 octobre 2022, sur les côtes de Zarzis à la recherche des disparus dans la tragédie du 18/18. La municipalité de Zarzis et celle de Zarzis nord ont fourni de gros engins aux pêcheurs, la Garde nationale, la protection civile et des citoyens bénévoles pour effectuer les recherches, rapporte Mosaïque FM. Le directeur régional de la protection civile à Médenine et le porte-parole de la cellule de crise Atef Haouij a annoncé que 11 corps sont dans l’attente de l’identification génétique dans le cadre du naufrage d’une embarcation de migration clandestine avec à bord 18 personnes originaires de Zarzis. Les échantillons des 11 corps transférés pour analyse appartiennent respectivement aux 7 cadavres transférés à l’hôpital régional de Gabès et aux 4 corps exhumés du cimetière du cimetière d’Afrique de Zarzis, a précisé la même source.

Avis de grève générale

L’UGTT a pour sa part émis un avis de grève générale, si les revendications des habitants ne sont pas prises au sérieux , notamment la tenue d’un conseil ministériel relatif à la délégation de Zarzis, l’ouverture d’une enquête immédiate sur les méthodes de repêcher les corps et de les enterrer ainsi que le dossier de l’immigration et la situation des subsahariens dans la région. Aswat Nissa avait condamné pour sa part « silence de l’État » face au récent incident du naufrage des migrants à Zarzis.


La Ligue tunisienne des droits de l’homme a publié un communiqué le 10 octobre 2022 pour présenter ses condoléances aux citoyens de Zarzis  et exprimer la « surprise  » de la ligue par ce qu’elle a décrit comme l’inaction notable des autorités régionales et nationales à contribuer et contrôler la recherche des disparus.

 

Les Tunisiens attendent avec impatience les nouveautés relatives au drame des 18 disparus. La balle est dans le camp des autorités pour intervenir et trouver des solutions, et, tant qu’on y est, œuvrer pour réduire l’impact social de ce phénomène de migration clandestine, faute de pouvoir l’éradiquer.

Ghada DHAOUADI