Le club de presse Bizerte a abrité hier dimanche 6 novembre 2022 une réunion-débat dédiée au projet du port en eau profonde de Bizerte, qui refait de nouveau surface, après une période de latence. C’est à l’initiative de nombreuses personnalités de la société civile de la région composée d’universitaires, hommes d’affaires, industriels, ingénieurs, urbanistes et autres à l’image de Ali Belakhoua, Kaiss Laribi, Yassine Annabi, Imed Ouardi et autres, que fut tenue cette rencontre en présence des représentants de la presse écrite, audiovisuelle et électronique.

Ce débat a été présidé par Ali Belakhoua, l‘industriel et ancien député à l’ARP sous la bannière de Nida Tounes, dont le nom est lié à ce projet, et qui s’apprête à reprendre le combat sur ce projet, avec l’appui des cadres de la région et le soutien massif de la société civile. Une contre offensive pour faire restituer à sa région, ce projet qu’elle devait initialement accueillir avant qu’il ne soit détourné sous Ben Ali en 2004 vers Enfidha, alors que le promoteur et investisseur américain qui n’avait présenté que l’étude de faisabilité pour l’édification d’un port en eau profonde à Bizerte s’est retiré.

D’après Belakhoua, il en fut de même en 2011 lors d’une autre sérieuse proposition d’investisseur américaine, dont le coût avait alors été estimé à 300 millions de dollars et a été suivi d’une autre offre chinoise toujours sur Bizerte, mais malheureusement le conseil ministériel tenu un certain vendredi 22 novembre et présidé par le chef du gouvernement, Ali Laârayedh, qu’est venu ramener les Bizertins sur terre, en mettant un terme à des espoirs caressés pourtant depuis des décennies avant le coup fatal asséné par l’ancien chef du gouvernement, Youssef Chahed qui a annoncé le vendredi 7 décembre 2018 la création de l’entreprise chargée du suivi de la réalisation du projet du port en eaux profondes d’Enfidha dont les travaux pataugent encore.

Le débat s’est déroulé à bâtons rompus avec de nombreux intervenants entre autres de Yassine Annabi, Imed Ouardi et Kaiss Laaribi, Pdg de la société tunisienne du port autonome ”BPA SA” à Bizerte, qui a présenté à l’occasion une proposition d’une offre d’un promoteur chinois prêt a financé le port de Bizerte. Les participants ont présenté par ailleurs l’étude de faisabilité d’un terminal à conteneurs faite en 1995 par la Chambre de commerce et d’industrie du Nord-est Bizerte et confiée par l’Office des ports nationaux tunisiens au bureau Moffat and Nichol International, dont l’étude indique clairement que « le projet est fiable et que l’opportunité existe de faire participer les capitaux privés à la réalisation de ce projet», tout en précisant qu’un tel terminal serait « efficace et bénéfique à l’ensemble de l’économie tunisienne».

Tout en présentant les études d’impacts économiques et environnementales du projet à Bizerte, ainsi que des séquences vidéo sur la navigation maritime en méditerranée avec le passage d’un flut quotidien de plus de 300 bateaux au large de Bizerte et qui démontre aussi que l’élargissement du canal de suez a créé un rail maritime Gibraltar-Suez en direction de l’Asie, donc sortir de ce rail nécessite un surcoût.

En somme, il semblerait qu’à l’issue de ce débat, Bellakhoua et compagnie ont comprit qu’ils ont peu de chances de dessaisir la région du sahel de ce projet, donc ils ne vont certainement pas présenter Bizerte comme une alternative, mais de lui permettre de réaliser elle aussi son projet similaire, avec des investisseurs américains ou chinois et autres intéressés par la position stratégique de Bizerte qui demeure la porte de l’Afrique. Notons enfin que la tenue d’une seconde réunion a été décidée pour l’élaboration d’une note de travail à transmettre aux hautes instances de l’Etat.

                                                                               Larbi MDAISSI