Le bras de fer se durcit entre le ministère de l’Education et la fédération générale de l’enseignement de base au sujet des enseignants en situation précaire. Dans un communiqué publié mardi après-midi, le ministère de l’Education a annoncé avoir adressé des contrats pour la régularisation de la situation des titulaires de la licence appliquée en éducation (session 2022), et aux enseignants suppléants (session de septembre 2022).

Pour les enseignants suppléants, ces contrats qui se basent sur l’article 108 de la loi portant statut général des personnels de l’Etat, des collectivités publiques locales et des établissements publics à caractère administrif.

Les contrats permettent à leurs signataires de percevoir un salaire net mensuel de 1340 dinars en plus des primes. Leur durée s’étale sur une période de trois années, à l’issue desquelles les enseignants seront intégrés dans la fonction publique, avec rang de professeur des écoles primaires stagiaire.

En ce qui concerne les titulaires de la licence appliquée en éducation, le ministère a précisé, dans son communiqué, que la durée contrats qui leur ont été adressés s’étale sur une seule année au terme de laquelle ils seront intégrés, avec rang de professeur des écoles primaires stagiaires.

Le ministère a d’autre part précisé qu’un décret prévoyant la titularisation des enseignants temporaires a déjà été élaboré, indiquant que sa promulgation dans le journal officiel de la République tunisienne ne dépassera pas fin novembre.

Il a, par ailleurs, appelé dans ce cadre les enseignants auxquels des contrats ont été adressés à signer ces contrats et à les remettre aux délégations régionales de l’Education dans un délai ne dépassant pas le 10 novembre, indiquant que « les défaillants seront licenciés et ne pourront plus prétendre avoir une relation de travail avec le ministère de l’Education ».

Le communiqué du ministère intervient après l’échec des négociations avec la fédération générale de l’enseignement de base et la poursuite du boycott des cours par les enseignants en situation précaire, qui prive totalement ou partiellement quelque 400.000 élèves de leur droit à l’enseignement.

« Fuite en avant »

En réaction au communiqué du ministère, la fédération générale de l’enseignement de base a dénoncé des « menaces » et des « intimidations » à l’encontre des enseignants, tout en réaffirmant son rejet des propositions du ministère.

« Le ministère de l’Education nous a gratifiés d’un communiqué truffé de menaces et d’intimidations qui vise à mettre fin au mouvement du boycott des cours. Mais ces menaces seront confrontées par une escalade sans limites », a prévenu la fédération rattachée à l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT).

La fédération a également estimé que le ministère a ainsi opté pour une « fuite en avant » au lieu de prendre des mesures à même de mettre fin à la précarité de l’emploi dans le domaine de l’éducation, tout en notant que cette politique adoptée par le ministère a privé des centaines de milliers d’élève de leur droit à l’éducation.

Elle a également précisé que les contrats proposés aux enseignants suppléants et aux titulaires de la licence appliquée en éducation ne garantissent même pas les droits aux congés de maternité et d’allaitement et même aux congés de maladie !

Selon la partie syndicale, les contrats adressés aux titulaires de la licence appliquée en éducation prévoient, quant à eux, un salaire mensuel de 750 dinars que le ministère « a préféré passer sous silence ».

La fédération générale de l’enseignement de base a, par ailleurs, exigé la suppression des diverses formes d’emplois précaires, dont le recrutement sous contrat proposé par le ministère et plaidé pour l’intégration de l’ensemble des enseignants temporaires.

Elle a d’autre part appelé les enseignants à poursuivre leur lutte et à s’engager à appliquer les décisions prises lors de la dernière réunion de la commission administrative sectorielle de l’enseignement de base.

Tenue le 7 octobre à Hammamet, la réunion de la commission administrative sectorielle de l’enseignement de base avait décrété un ensemble de mouvements de protestation, dont la rétention des notes du premier trimestre, le boycott des examens du deuxième trimestre, la poursuite du boycott des cours par les enseignants suppléants et les détenteurs de la licence appliquée en sciences de l’éducation dont la situation n’a pas été encore régularisée et l’organisation de sit-in de de journées de colère dans les régions et à l’échelle nationale.

Walid KHEFIFI