La décision du ministère de l’Education de reporter au 9 janvier prochain les examens du premier trimestre dans les écoles primaires ne fait pas que des contents. Alors que les parents d’élèves inscrits dans les écoles publiques privés de cours depuis le début de l’année scolaire en raison du mouvement de boycott lancé par la fédération générale de l’enseignement de base pour dénoncer la situation précaire de milliers d’enseignants jubilent, les propriétaires des écoles privées sont en colère. Et pour cause : contrairement à leurs homologues exerçant dans les établissements publics, les enseignants des écoles privées n’ont pas cessé de travailler pour réclamer leur titularisation et ont achevé leurs programmes conformément au calendrier préétabli.

« La décision du report des examens du premier trimestre dans les écoles privées est aussi arbitraire qu’injuste. Les cours se sont déroulés sans accrocs dans ces écoles dont les enseignants et les élèves seront pénalisés sans raison », explique le président de la chambre nationale des établissements de l’enseignement privé, Zouhaier Mechergui.

« Les propriétaires des établissements d’enseignement privés n’ont même pas été consultés, et le ministère a pris sa décision sous le prétexte fallacieux de l’égalité des chances », a-t-il ajouté,

Le président de la chambre patronale a également fait savoir que le taux des élèves n’ayant pas achevé les programmes du premier trimestre ne dépasse pas, tout compte fait, 10% de l’ensemble des élèves inscrits dans les diverses écoles primaires du pays.

« Le nombre d’élèves qui n’ont pas eu cours durant le premier trimestre n’excède pas 100.000 élèves sur un total de 1,3 million. Il n’y a donc pas de raison pour que 1.200.000 élèves ne passent pas leurs examens alors que toutes les conditions sont remplies et qu’ils y sont préparés », a-t-il argumenté, indiquant que le report des examens au mois de janvier risque de perturber le deuxième trimestre et l’ensemble de l’année scolaire.

Le ministère de l’Education avait annoncé lundi que les examens du premier trimestre ont été reportés après les vacances d’hiver pour permettre aux élèves des écoles primaires publiques d’avoir trois semaines supplémentaires de cours et d’achever leurs programmes.

Cet allongement de la période des cours fait suite à un mouvement de boycott des cours par quelque 8000 enseignants suppléants depuis la rentrée. Le mouvement de boycott encadré par la fédérale générale de l’enseignement de base a privé entre 60.000 et 150.000 élèves de poursuivre normalement leurs études depuis le début de l’année scolaire. Ce chiffre est sous-évalué selon la fédération rattachée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui évoque le chiffre de 400.000 élèves privés totalement pu partiellement de cours.

Les enseignants grévistes réclamaient l’application d’un accord signé en 2018 avec l’ancien gouvernement, qui promet la titularisation des contractuels au bout de plusieurs années de travail. Un accord conclu la semaine écoulée entre la partie syndicale et le ministère de l’Education a cependant permis la titularisation d’une partie seulement de ces enseignants et du recrutement sous contrat pendant une période de deux ans des autres.

Le ministère de l’Education avait expliqué que la situation économique du pays ne permet pas la titularisation de l’ensemble des enseignants suppléants. La masse salariale de la fonction publique représente déjà près de 15 % du PIB et le gouvernement ne souhaite pas la gonfler davantage au moment où la Tunisie traverse une grave crise économique et financière.

Quoi qu’il en soit, cet accord à minima a permis la reprise des cours dans l’ensemble des écoles primaires publiques, mais la fédérale générale de l’enseignement de base a maintenu son mot d’ordre de rétention des notes du premier semestre, laissant ainsi planer le spectre d’une nouvelle crise en janvier prochain.

Walid KHEFIFI