Lorsque les horizons s’assombrissent, il ne reste plus qu’à faire preuve de résilience et à conjuguer les efforts pour une sortie de crise. Jamais Journées de l’Entreprise ne se sont déroulées dans un contexte aussi lourd d’implications. Implications politiques d’abord ; implications économiques, ensuite ; implications sociales, enfin. C’est que le dialogue est saccadé ajoutant au manque de visibilité. L’entreprise est au cœur de la problématique, en ces temps de grave récession et face aux impératifs de croissance et de sécurisation.

Pour un peu, à leur manière, ces Journées auront aussi abrité un mini-dialogue « national » puisque toutes les sensibilités institutionnelles en étaient. Le maître-mot, c’est Taieb Bayahi qui l’a lancé : « Arrêtons de nous renvoyer la balle ! »

La pandémie et la crise russo-ukrainienne ont eu un impact négatif sur l’économie mondiale et ont amplifié les effets de la stagnation (une situation économique dans laquelle se conjuguent la stagnation de l’activité économique et la hausse des prix (inflation) selon le site de la République française).  Ce phénomène a incité plusieurs experts et instituts d’évoquer ces effets et les solutions pour le résoudre notamment l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) qui a organisé la 36ème édition des Journées de l’Entreprise portant sur le thème : « L’entreprise et la sécurité : Libertés et souveraineté » qui s’est déroulée les 8, 9 et 10 décembre 2022 à Sousse. Les journées se présentent comme un cadre d’échange privilégié, ou se réunissent depuis trois décennies des personnalités politiques, économiques et représentants d’organismes internationaux.

La problématique qui se pose est d’assurer la sécurité nationale (alimentaire, sanitaire, juridique, énergétique et économique) avec la liberté des entreprises élément essentiel pour renouer avec une croissance impulsive. Ces journées comportent trois panels (souveraineté économique, priorités et exigences, nouvelles contraintes nouvelles stratégies de l’Entreprise et souveraineté budgétaire et sécurité des paiements ; trois sessions spéciales ( l’organisation et la régulation des marchés : libertés et sécurité , troubles sociaux et pérennité de l’entreprise, cybersécurité) et trois sessions parallèles (opportunités d’investissement en période de crise, les modes de financement à adopter face à la hausse des taux et au resserrement monétaire et le plan social à adopter en période de stagflation)

« Il est temps d’arrêter de se renvoyer la balle ! »

Le président de l’IACE, Taieb Bayahi, a indiqué lors de son intervention que le choix du thème s’est naturellement imposé à la vue de la situation géopolitique, politique, économique et sociale. Dans un monde en pleine effervescence et de notre pays toujours à la recherche d’équilibre et de stabilité depuis un certain 14 janvier 2011.  « Cette situation de crise que le monde vit actuellement est la plus grave que nous connaissions depuis plusieurs décennies. », dit-il encore.

Raison pour laquelle, la situation économique critique ne devrait pas occulter la problématique posée par la digitalisation de l’économie, les risques cybernétiques, criminels ou militaires, compte tenu des réductions qui pourraient affecter les budgets de sécurité informatique en cette
période de crise économique , a expliqué Bayahi. et d’ajouter que travailler sur l’issue de cette crise et comment se comporter afin de passer outre, sera possible en améliorant l’agilité, et les maitrises de coûts ne devraient pas nous faire occulter  le fait que, désormais, les responsables gouvernementaux, les
responsables d’entreprises et d’organisations devraient inclure dans leur analyse de risque, de pérennité et de développement , ces questions de sécurité, de souveraineté et dépendance stratégique et qu’ils soient conscients qu’il est temps d’arrêter de se renvoyer la balle .

Dialogue avec l’UGTT et l’UTICA

La ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Neila Nouira Gongi, a présidé la cérémonie d’ouverture de cette édition , en remplacement de la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden.

Lors de son intervention, la ministre a indiqué que les différentes crises récurrentes ont affecté le secteur institutionnel et médiatique, et des solutions sérieuses ont dû être développées pour assurer le redressement de nos institutions et la restauration de leur rôle vital dans la croissance économique et sociale

« Le gouvernement a répondu aux besoins immédiats et urgents des institutions et des investisseurs en approuvant plusieurs mesures visant à développer le système d’investissement et à maintenir la durabilité du tissu institutionnel et l’approbation récente du décret 68 » a ajouté Gonji.

Elle ajoute : « Le gouvernement continuera à entreprendre le dialogue avec l’UGTT et l’UTICA comme étant deux partenaires principaux ».

Evoquant les négociations avec le FMI, la ministre a indiqué que l’aboutissement à un accord au niveau des experts, le 15 octobre 2022 est un   témoignage de la crédibilité et de la viabilité du programme de réformes et aussi, un signe de confiance en la capacité de résilience de l’économie nationale.

Dans le même contexte, la ministre a évoqué les retombées positives de l’accord avec le FMI dont notamment le relèvement de la note de défaut émetteur à long terme en devises de la Tunisie de   CCC   à   CCC+ par l’agence de notation Fitch Rating, le 1er décembre courant, après une série de baisses successives de la notation.

Pour sa part, le ministre de l’Economie Samir Saied a précisé que le décaissement de la première tranche du prêt est tributaire de la décision du Conseil d’administration du FMI. Et d’ajouter que   L’accord avec le FMI donne un signal fort à tous les bailleurs de fonds internationaux, ce qui nous rends relativement optimistes, mais qu’il faut travailler

Concernant le plan de développement, Saied a expliqué qu’il   est fin prêt. Il est en cours d’examen et sera prochainement présenté au Conseil ministériel.

118 dinars par an !

Dans une déclaration médiatique, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a indiqué qu’il a appris, dans les coulisses, que le montant accordé aux subventions, une fois levée, sera de 118 dinars par an.

Taboubi s’est enquis des véritables bénéficiaires de ces subventions et de leur valeur.

« Le tournant dangereux que traverse aujourd’hui la Tunisie en termes de prix élevés, de manque de matières de base, de détérioration du pouvoir d’achat du citoyen tunisien, d’absence de développement et de perturbation des projets dans de nombreuses régions ne peuvent pas être résolus par des conseils ministériels mais  elle exige plutôt la clarté et une autorité politique qui croit au dialogue et travaille à construire des ponts de communication entre elle et le peuple sur la base de la confiance. »

Concernant les négociations avec le FMI, Taboubi s’est exprimé en disant qu’on ne sait rien des réformes proposées au FMI et cela aura de graves répercussions plus tard

Le secrétaire général de l’UGTT a précisé qu’il n’a pas appelé au boycott des législatives du 17 décembre. Et d’ajouter que depuis le référendum du 25 juillet, la commission administrative de l’UGTT a décidé de ne pas intervenir dans les choix de ses militants.

GHADA DHAOUADI