Les élections législatives en Tunisie font couler beaucoup d’encre à l’échelle tant nationale qu’internationale. Un million 25 mille et 418 électeurs ont participé, samedi 17 décembre, au scrutin, selon Farouk Bouasker. La révision à la hausse du taux d’affluence de 8.8% à 11.22 % a suscité plusieurs réactions des Tunisiens sur les réseaux sociaux. Certains voient que le pourcentage demeure faible. D’autres critiquent la posture de l’ISIE. Le secrétaire général de l’UGTT Noureddine Taboubi, a indiqué pour sa part que la faible participation aux législatives confirme le rejet par le peuple tunisien de tous les politiciens sans exceptions. L’UGTT refuse ainsi ce qu’il qualifie de « politique de passage en force pour enjoliver un processus entaché de nombreuses erreurs ». D’autres parties internationales notamment l’Union africaine qualifient ces législatives d’élections « bien organisées ». Tour d’horizon. 

Le porte-parole de l’ISIE, Tlili Mnasri, a indiqué que, d’après les résultats préliminaires des élections législatives, 23 circonscriptions ne seront pas concernés par le second tour des législatives. Celui-ci concernera uniquement 131 circonscriptions sur un total de 161. Dans une déclaration aux médias, lundi soir, à l’issue de la conférence de presse de l’ISIE, Mnasri a précisé que 19 candidats ont déjà remporté leur siège de député au terme du premier tour des législatives. Un deuxième tour des législatives est organisé au cas où la majorité absolue, pour un ou plusieurs candidats, ne serait pas obtenue au premier tour.

Mission d’observation de l’UA

Le président de la République Kaïs Saïed a reçu, mardi, au Palais de Carthage, Ibrahim Assane Mayaki, Chef de la Mission d’Observation électorale de l’Union Africaine pour les législatives du 17 décembre 2022, et Calixte Aristide Mbari, Chef de la Division Démocratie, Elections et Constitutionnalisme à la Commission de l’Union Africaine. L’entretien a porté sur les résultats du premier tour des élections législatives et les expériences constitutionnelles et des élections organisées en Tunisie, en Afrique et dans le monde, selon un communiqué rendu public.

Dans le même contexte, Mayaki a déclaré avoir fait un compte rendu de la mission d’observation des élections. Une mission d’observation déployée  par l’Union africaine à la demande de la Tunisie, a-t-il dit dans une vidéo publiée sur la page facebook de la Présidence. Il s’est, en outre, félicité de l’ensemble des moyens qui leur ont été accordées pour mener à bien leur mission sur le terrain. Il s’agit de suivre et de procéder à une évaluation objective des élections. « Notre mission s’est déroulée en toute impartialité et en toute transparence dans le cadre des valeurs de la Charte africaine sur la démocratie, les élections et la gouvernance », a-t-il soutenu. Ces élections étaient « bien organisées » et se sont déroulées « dans le calme » et « de manière techniquement parfaite ».

Et d’ajouter que les membres de la mission feront « un certain nombre de recommandations sur la base de ce que nous avons pu observer ». Un rapport final sera publié ultérieurement. Et d’ajouter que l’entrevue a été l’occasion d’écouter les points de vue du président de la République sur l’évolution politique de la Tunisie et permis « de voir comment il situe cette évolution dans un cadre africain et dans un cadre plus global ». Il est à mentionner que la Mission d’Observation de l’UA est composée de quarante-cinq observateurs et experts représentants : le parlement panafricain, les Ambassadeurs représentants permanents auprès de l’Union africaine à Addis Abeba, les organes de gestion des élections, les organisations de la société civile et la Commission de l’Union africaine provenant de vingt-sept pays africains.

SNJT : Rétention d’informations à l’égard des journalistes

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a dénoncé les tentatives de l’Instance supérieure indépendante pour les élections d’esquiver les questions des journalistes lors de la conférence presse, tenue lundi, et consacrée à la proclamation des résultats préliminaires du premier tour des législatives. « Il s’agit d’une violation manifeste du droit des journalistes et des citoyens à l’information et à un suivi détaillé d’élections considérées comme déterminantes pour l’histoire de la Tunisie », a-t-il estimé. Le syndicat a indiqué, mardi, dans une déclaration, que « l’instance a tenté d’occulter et de restreindre le flux libre des informations et fuir sa responsabilité devant les médias ». Et d’ajouter que cela constitue une preuve du déni de l’instance électorale des dépassements commis pendant la gestion du processus électoral, « comme en témoigne le faible taux de participation au vote ».

Le SNJT a, également, mis en garde contre la gravité de ne pas avoir des explications sur les divergences des déclarations des membres de l’ISIE sur le taux de participation aux élections qui « n’est pas le même le jour du scrutin et le jour de l’annonce des résultats ». Cela a suscité plusieurs interrogations sur la crédibilité de l’instance et la transparence de tout le processus électoral, a-t-il ajouté. Selon la même source, l’instance électorale a « ordonné aux centres de scrutin et aux instances régionales de ne pas communiquer le taux de participation de manière actualisée ».

Ghada DHAOUADI