La colère des enseignants suppléants exerçant dans les collèges et les lycées secondaires monte d’un cran.  Appuyés par le syndicat général de l’enseignement de base et l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), ces enseignants appelés régulièrement en renfort depuis 2008 pour remplacer des enseignants permanents décédés ou en situation d’invalidité ont annoncé, dans un communiqué publié hier, l’organisation d’une journée de colère pour dénoncer les « atermoiements » du ministère de l’Education.

Des rassemblements sont prévus dans ce cadre devant le ministère de tutelle et les délégations régionales de l’Education dans toutes les régions de pays pour réclamer leur intégration dans la fonction publique.

Les suppléants, qui avaient déjà boycotté des cours et des examens tout au long du troisième trimestre de l’année scolaire en cours réclament la signature d’un accord avec le ministère de tutelle prévoyant le recrutement de l’ensemble des enseignants temporaires et le suppression des divers mécanismes qui ouvrent la voie à la précarité de l’emploi dans le domaine de l’enseignement, l’établissement d’une deuxième liste regroupant les suppléants ayant exerce entre 2016 et 2023 après celle couvrant la période 2008-2016.

Ils revendiquent également l’adoption du critère de la bonification en fonction de l’âge en ce qui concerne la régularisation de la situation des enseignants suppléants, le lancement de négociations pour trouver des solutions aux diplômés des filières dites « bloquées », la généralisation de la couverture sociale à l’ensemble des enseignants temporaires et le versement des salaires échus et non payés.

Un accord sur le recrutement des enseignants suppléants a été conclu en 2018 entre le ministère de l’Education et le syndicat général de l’enseignement secondaire n’a été appliqué que partiellement. « Sur les 4000 professeurs d’enseignement secondaire concernés par l’accord signé en 2018, la moitié seulement ont été intégrés.

Le nombre des professeurs suppléants s’élève aujourd’hui à quelque 5000 enseignants, dont un grand nombre a bouclé plus cinq années d’exercice dans différents établissements d’enseignement secondaire du pays. Outre la précarité de l’emploi, ces enseignants touchent un salaire mensuel de 750 dinars. Mais dans les faits, ils ne sont souvent payés qu’une fois par an. Et l’injustice qu’ils subissent ne s’arrête pas là : des prélèvements sont effectués sur cette rémunération au profit de la Caisse nationale de retraite de prévoyance sociale (CNRPS) au titre de cotisations sociales alors que les enseignants suppléants ne bénéficient ni de cartes de soins, ni d’allocations familiales, selon des sources syndicales.

Les autorités de tutelle ont jusque-là motivé la non-application des accords conclus avec le syndicat de l’enseignement secondaire sur le recrutement des enseignants suppléants par les fortes pressions qui pèsent sur les finances publiques et l’engagement du gouvernement à réduire les effectifs de la fonction publique et à geler les recrutements pour répondre aux exigences des bailleurs des fonds relatives à la réduction de la masse salariale du secteur public alors que le gouvernement négocie le déblocage d’un programme de financement de 1,9 milliard de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI).

Pour rappel, l’ancien ministre de l’Education, Hatem Ben Salem, avait annoncé en février 2020, lors de son audition à la commission parlementaire des jeunes, des affaires culturelles, de l’éducation et de la recherche scientifique, que son département comptait lancer un concours de recrutements des suppléants en prenant en considération des critères liés à l’âge et à la situation familiale. Mais ce projet a été enterré par les gouvernements d’Elyès Fakhfakh et Hichem Mechichi.

Walid KHEFIFI