Indicateurs économiques et financiers à l’appui, il semblerait que la Tunisie est asphyxiée par la succession des crises et la situation économique floue du pays qui en a vu de toutes les couleurs, récemment.  La pénurie de produits de base, la détérioration du pouvoir d’achat et la hausse des prix ont mené à la frustration des Tunisiens ; plusieurs d’entre eux fuient leurs pays car ils n’arrivent plus à joindre les deux bouts.  Le 15 octobre 2022, le Fonds monétaire international et les autorités tunisiennes sont parvenus à un accord au niveau des services. La validation finale de cet accord devait se faire au niveau du conseil d’administration du fonds. Le dossier de la Tunisie a été retiré de l’ordre du jour des réunions le 15 décembre. Pour sa part, la ministre des Finances, Sihem Namsia avait déclaré, en décembre dernier, que la Tunisie devrait parvenir à un accord définitif avec le Fonds au début de cette année. Mais pour l’instant, tout est flou. Les négociations bloquées avec le FMI et la dégradation de la note souveraine par l’agence Moody’s ne peuvent que rendre la situation plus compliquée.

Dégradation de la note souveraine à Caa2

Le 27 janvier 2023, l’Agence de notation américaine Moody’s a annoncé  la dégradation de la note souveraine de la Tunisie à long terme, en devises et en monnaie locale de Caa1 à Caa2 avec perspective négative. Et d’ajouter que Moody’s a, également, abaissé la note de la Banque centrale de Tunisie (BCT), qui est légalement responsable des paiements sur toutes les obligations du gouvernement de Caa1 à Caa 2 assortie d’une perspective négative.
Moody’s a précisé cette dégradation est expliquée par l’incertitude quant à la capacité du gouvernement à mettre en place des mesures qui puissent répondre aux besoins de financement élevés.
 » Si un financement important n’est pas assuré, la Tunisie risque un défaut de paiement de sa dette « , averti l’agence.
Moody’s a expliqué les perspectives négatives et a indiqué qu’elles sont liées aux retards dans la mise en œuvre des réformes et des financements qui en dépendent et qui risquent d’éroder les réserves de change à cause des prélèvements pour le paiement du service de la dette, exacerbant ainsi les risques sur la balance des paiements. D’après Moody’s « les nouveaux retards prolongés dans la mise en place d’un nouveau programme du FMI éroderaient les réserves de change par le biais de prélèvements pour le paiement du service de la dette, exacerbant ainsi les risques de balance des paiements et la probabilité d’une restructuration de la dette qui entraînerait des pertes pour les créanciers du secteur privé « . L’agence avait déjà mis en garde que les risques pesant sur le profil de crédit de la Tunisie resteront orientés à la baisse, même dans le cadre d’un éventuel accord avec le FMI.
A noter que « les perspectives de financement restent tributaires de la mise en œuvre rapide et soutenue de réformes qui s’avéreront invariablement difficiles face aux faiblesses de la gouvernance et à l’exposition aiguë aux risques sociaux « , selon l’agence de notation. La mise en œuvre du programme de réforme du gouvernement, qui offre une voie pour corriger les importants déséquilibres budgétaires et extérieurs du pays,  » risque d’être mise à l’épreuve par des obstacles politiques, sociaux et institutionnels « ,selon l’agence susmentionnée.

Négociations bloqués avec le FMI

Contrairement aux informations relayées par certains médias, le président de la République, Kais Saied n’a signé aucun document en rapport avec les négociations avec le Fonds Monétaire International (FMI), a révélé mardi une source de la Présidence de la République à l’agence TAP.
Cette précision intervient suite à des déclarations faites plus tôt dans la journée, par l’ancien ministre du Commerce, Mohsen Hassan sur les ondes d’une radio locale privée, concernant la participation de la délégation tunisienne au Forum Economique Mondial de Davos en Suisse. Hassen a décalaré que la délégation a présenté aux responsables du FMI, tout un dossier qui comporte une lettre d’intention signée par Kais Saied.
Le FMI aurait exigé du président de la République et du gouverneur de la Banque Centrale de signer une lettre attestant de l’engagement de la Tunisie à mener des réformes économiques, dont une partie est déja inscrite dans la loi de finances 2023, selon la même source.
Une délégation tunisienne conduite par la cheffe du gouvernement, Najla Bouden et composée par la ministre des Finances, Sihem Namsia et le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Marouane Abassi avait participé, du 17 au 19 janvier courant, aux travaux du Forum économique mondial « Davos 2023 ». Cette délégation a été récue par le chef de l’Etat avant et après son déplacement à Davos.
En Suisse et à l’issue de son entretien avec la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, en marge de ce forum, la cheffe du gouvernement avait qualifié l’entrevue de « positive « , dans la mesure où la première responsable avait souligné que l’institution financière internationale reste un partenaire solide de la Tunisie .
Dand le même contexte, Kristalina Georgieva avait réitéré son soutien au processus de négociations entre la Tunisie et le FMI, en vue de conclure un accord de financement d’environ 1,9 milliard de dollars destiné à soutenir les politiques économiques de la Tunisie.

Ghada DHAOUADI