« Le droit syndical est garanti, mais ne peut devenir une couverture à des fins politiques, qui ne sont un secret pour personne » avait indiqué le président de la République lors de sa visite inopinée à la caserne de la Garde nationale d’El Aouina le 31 janvier 2023. Il y en a qui ont vu dans cette déclaration des prémices de conflit entre le chef de l’Etat et le secrétaire général de l’UGTT Noureddine Taboubi. « Les individus qui s’acharnent à bloquer les routes et les voies ferrées, ne doivent plus bénéficier de l’impunité ». Et ce fut le branle-

Le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi a accusé lors de l’ouverture des travaux de la commission administrative, le président de la République de « de « viser le syndicat et d’inciter indirectement le peuple à se battre ». L’arrestation du secrétaire général du syndicat de la société « Tunisie autoroute » a eu lieu après une de la visite du président de la République à la caserne de la Garde nationale d’El Aouina, selon Taboubi qui a estimé que Saied a transmis un message clair à travers son discours :« l’UGTT est visée ». Et d’ajouter que le discours du président de la République le 31 janvier à la caserne susmentionné est « un discours de menace ». ll cherche à montrer que les forces militaires et policières soutiennent le chef de l’État, d’après le secrétaire général de l’UGTT.

« Discours de menace »

« De qui le président de la République veut purger le pays ? Va-t-il libérer le pays de son peuple ? » s’est interrogé Taboubi selon « Mosaïque FM ».

Le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Sami Tahri, a appelé, ce vendredi 3 février 2023, le ministre de l’Intérieur, à ne pas fatiguer les sécuritaires en les déployant pour assister au discours du secrétaire général de la Centrale syndicale, Noureddine Taboubi, lit-on sur le site de « Mosaïque FM ». « Ce qui s’est passé, aujourd’hui, est dangereux », a indiqué Tahri, rappelant que depuis 2011 les sécuritaires n’ont pas accédé aux salles de réunion du comité directeur de l’UGTT, selon la même source.

Tahri a fait savoir que le Comité directeur est passé en revue plusieurs questions dont notamment la situation générale du pays, les élections, l’arrestation du syndicaliste Anis Kaabi, la circulaire n°21 et le dernier discours du président de la République à la caserne d’El Aouina, selon le site susmentionné. « Le discours de Saïd était un discours de guerre alors qu’on n’est pas en guerre. A l’UGTT nous croyons au dialogue parce qu’on vit dans un pays de paix et de tolérance. Que celui qui veut la guerre la fasse chez lui », a martelé Tahri.

Il est à mentionner que l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a décidé de tenir une commission administrative nationale le 3 février 2023, pour examiner les derniers développements de la situation syndicale. Il s’agit également d’étudier les réponses face aux atteintes visant l’organisation syndicale, a indiqué le secrétaire général adjoint de l’union, Hfaiedh Hfaiedh. Dans une déclaration à la TAP, Hfaiedh avait précisé mercredi, que « la réunion porte sur les libertés générales et le droit syndical notamment après l’arrestation du secrétaire général du syndicat de la société Tunisie Autoroutes, Anis Kaabi. L’arrestation du secrétaire général du syndicat de Tunisie Autoroutes s’inscrit dans le cadre de la poursuite des atteintes aux libertés générales et au droit syndical, a-t-il souligné. La centrale syndicale demeure au premier rang, et continuera à assurer son rôle national, malgré les tentatives de la dissuader », a-t-il noté.

Il convient de rappeler que le syndicat de la société Tunisie Autoroutes a annoncé dans un communiqué, une grève de 3 jours, les 12, 13 et 14 février afin de revendiquer le respect du droit syndical et la libération du secrétaire général du syndicat Anis Kaabi.

« Harcèlement contre des syndicalistes et autres représentants de mouvements sociaux »

Des membres du forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDS) ont dénoncé, à l’issu d’une réunion tenue le 2 février 2023, ce qu’ils qualifient de « harcèlement contre des syndicalistes et représentants de mouvements sociaux » mettant en garde contre ces pratiques qui augurent du retour à la dictature.

A noter que les participants à cette réunion ont déploré, dans un communiqué publié par le FTDS, la poursuite des atteintes par le pouvoir aux libertés individuelles et droits légitimes, soulignant leur prédisposition à se mobiliser aux niveaux local et national pour défendre leurs droits par tous les moyens pacifiques.

Ils ont appelé les participants au projet de l’initiative nationale, lancé par l’UGTT, le FTDS, l’ordre des avocats et la ligue tunisienne des droits de l’homme à adopter leur revendications légitimes pour les soumettre au gouvernement, signalant la nécessité de traiter en urgence leur dossiers en suspens et de mettre fin aux arrestations et poursuites judiciaires qui ciblent les syndicalistes et autres activistes.

Pour sa part, le groupe « Massariyoun pour la rectification du processus » a appelé, dans une déclaration, publiée le 31 janvier 2023, le président de la République Kaïs Saïed à faire preuve de « bravoure politique et d’ouverture » sur l’initiative du quartet relative à l’élaboration d’une feuille de route pour sortir le pays de la crise. Et d’ajouter que les situations politique, économique et sociale « risquent de mener le pays à de graves conséquences dans les court et moyen termes ».

Dans le même contexte, « Massariyoun » a appelé le président de la République à se pencher sur « la grave situation du pays » et à placer l’intérêt supérieur de la Tunisie au-dessus de toute autre considération afin de retrouver « la stabilité nécessaire » et pouvoir faire face aux défis qui se posent.

 

 

Ghada DHAOUADI