Les derniers évènements ont quelque peu occulté la naissance du Parlement en fonction de la constitution de 2022 et sous les couleurs, grosso modo, du slogan fétiche de Kais Saied : « Le peuple veut ».

Mais les enjeux n’y manquent pas. Seles les personnalités ayant adhéré au mouvement du 25 juillet, ainsi qu’une partie de la gauche et les nationalistes arabes n’ont pas boycotté le scrutin. Bien entendu, il ne faut pas occulter le « Hirak », particulièrement incisif.

Les dés étant jetés quant à la représentation au sein du Parlement, on en est maintenant en pleines tractations pour les blocs et les alliances. Tout s’articule du jeu des alliances. Pour l’heure, deux blocs paraissent dominants. Deux pôles. Et, c’est à travers des alliances, qu’émergerait le futur président de l’assemblée.

 C’est donc officiel. Le prochain parlement, composé par 154 députés, devra entamer ses travaux 15 jours après l’annonce des résultats officiels et définitifs. Entre autres, la première plénière devrait avoir lieu au plus tard le 15 mars 2023, en vertu de l’article 71 de la constitution de 2022. Lequel article, il prévoit un délai de 15 jours à compter de l’établissement des résultats définitifs. Et c’est au président de la République de convoquer les nouveaux députés pour assister à la première réunion du parlement. Farouk Bouaskar, président de l’instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), précise que les travaux du parlement vont démarrer dans les délais constitutionnels.

En tout état de cause, la composition finale du parlement, une fois dévoilée, fait apparaître une présence renforcée de deux principaux mouvements politiques : celui des nationalistes arabes et un autre de gauche, « Al Watad ». Ces deux mouvements forment, dans l’ensemble deux blocs parlementaires avec environ 90 sièges, soit 60% des députés, soit la majorité.

Blocs

A quelques jours des résultats préliminaires du deuxième tour, avant les résultats finaux c’est dire, la présidence du parlement fait l’objet de plusieurs tractations menées même dès le premier tour des législatives. Il se trouve que quelques candidats sont déclarés vainqueurs dès ce tour, le nom de Ibrahim Bouderbala y figure. L’ancien bâtonnier des avocats de Tunisie s’est même déclaré candidat à la présidence du parlement, même, avant le scrutin. Bouderbala est enthousiaste quand il s’agit de défendre la démarche du président. Sauf qu’il se trouve confronté à un autre candidat présenté par le mouvement du peuple qui compose un bloc parlementaire de 31 sièges au parlement. Sans dévoiler de détails, le mouvement du peuple déclare son propre candidat ou candidate à la présidence du gouvernement. Au mouvement du peuple, les négociations se poursuivent avec d’autres députés pour rejoindre leur bloc du parti. D’après Zouheir Maghzaoui le secrétaire général du parti, le nombre peut atteindre 45 députés. Ainsi et contrairement à Bouderbala, le candidat du mouvement du peuple se trouve « adossé » à un bloc parlementaire qui négocie sa candidature avec d’autres députés. Il part ainsi avec plus de chances, d’autant plus que sa candidature séduit un autre bloc parlementaire comptant 42 sièges.

 Alliances et tractations

Le nombre peut atteindre 80 députés d’après les déclarations des initiateurs du bloc de Zouheir Hamdi et Mongi Rahoui. Sous l’appellation « que le peuple triomphe », ce bloc est composé principalement des députés du courant populaire (famille des nationalistes arabes) ainsi que des députés de gauche (famille Watad). Ces deux mouvances adhèrent, à l’instar du mouvement du peuple, à la démarche politique de Kaïs Saïed. Le rapprochement entre les deux familles politiques se confirme dans les apparitions médiatiques des responsables du bloc « que le peuple triomphe ». Sans annoncer de candidats, Rahoui et Hamdi précisent qu’aucun accord n’est convenu avec Bouderbala, ce qui renforce les chances du candidat du mouvement du peuple. Ce candidat se trouve à son tour confronté à un autre candidat soutenu par « le Hirak du 25 juillet » qui réclame 80 députés. Abderrazak Khallouli, président du « Hirak » confirme, lors de la dernière conférence du parti, les tractations pour regrouper les 80 sièges en un seul bloc parlementaire. Jusqu’aujourd’hui, les négociations se poursuivent et l’annonce officielle du troisième bloc parlementaire n’est pas confirmée. La course à la présidence attise jusqu’aujourd’hui trois candidats de mouvances différentes.

 

Zied DABBAR