Le marché immobilier traverse actuellement une période difficile à cause de la hausse des prix des matériaux de construction. Les différents événements que nous avons connus ces deux dernières années ont impacté le marché immobilier qui n’en est pas sorti gagnant. Suite à l’inflation galopante des matières premières et à la crise énergétique, les promoteurs ont été contraints de revoir leurs marges à la baisse ou d’augmenter leurs prix de vente.

Les prix des appartements oscillent actuellement entre 120 et 800 mille dinars selon plusieurs facteurs dont la superficie, l’emplacement et le standing. Le consommateur cherche aujourd’hui, des appartements de superficies réduites (entre 120 m2 et 160 m2 ) et à des prix abordables, pour fuir le renchérissement  enregistré dans le secteur, Toutefois, la demande n’est pas conforme à l’offre qui est caractérisée davantage par des  appartements de grandes superficies (plus de 120 m2) et à une large typologie (S+3) .Cette divergence entre l’offre et la demande dans le secteur de l’immobilier oblige le consommateur à recourir à la location.

Dans un rapport détaillé, le site immobilier Mubawab Tunisie analyse plusieurs indicateurs du secteur tels que l’évolution des prix et des surfaces, l’équilibre entre l’offre et la demande, et le prix moyen par zones géographiques clés

Anis Gharbi, Country Manager de Mubawab Tunisie souligne que les prix de vente des appartements ont augmenté de 6% par rapport à 2021. « Les prix ont augmenté de 4% durant le deuxième semestre 2022 par rapport au premier semestre . Toujours selon le baromètre immobilier de « Mubawab », il y a certaines régions  « stars », très prisées, où le prix du mètre carré dépasse toutes les attentes.   Ainsi les prix moyens du m² des appartements   sont passés de 4400 à 5100 dinars aux Berges du Lac, de 3800 à 4200 dinars aux Jardins de Carthage, de 3800 à 4210 dinars à la Marsa, de 2700  3050 dinars   à Ain Zaghouan , de 2770 à 3000 dinars à Hammamet Nord, de 2690 à 2900 dinars à Hammamet Sud et de 3120 à 3450 dinars à Kantaoui

Plusieurs facteurs ont contribué à cette hausse : La conjoncture économique du pays qui  reflète une baisse de pouvoir d’achat qui freine à son tour l’épargne, l’augmentation continue du TMM  qui va engendrer l’augmentation du coût de crédit immobilier pour les professionnels et particuliers, la rareté  des terrains et la spéculation, l’inflation prévue à 10% pour l’année 2023, Instauration d’un impôt annuel de 0.5% sur la fortune immobilière,  la dévaluation du dinar,  et l’ augmentation de prix du baril. Il expliqué que le deuxième semestre a connu une baisse de l’offre de 12,6% par rapport au premier semestre alors que la demande a augmenté de 27%

Avec 65% d’appartements destinés à la vente, le Grand Tunis rassemble la plus forte densité, contre 19% au Cap Bon et 11.5% au Sahel. Pareil pour la demande, on trouve 71% des recherches des appartements en vente sont concentrés dans le Grand Tunis, suivie du Cap Bon 17% et 10% au Sahel.

Près de 39% des appartements mis en vente sur le Grand Tunis sont des S+3 d’une superficie moyenne de 138m². 45% des appartements destinés à la vente au Sahel sont des S+2 d’une superficie moyenne de 121m².

Les appartements les plus chers se trouvent dans le Grand Tunis (Cité Ennasr, La Soukra,  les Jardins de Carthage et  Boumhel Bassatine) le Sahel  (Sahloul,  El Kantaoui, Hammam Sousse et Hergla) et dans le Cap Bon ( Hammamet Nord , Kélibia, Nabeul Cité el wafa Nabeul Centre)

Le secteur immobilier entame l’année 2023 avec beaucoup d’incertitudes. Différents facteurs pèsent lourdement sur l’évolution de l’activité et risquent de la pénaliser davantage. De nombreux professionnels n’ont pas caché leurs inquiétudes, mettant en avant le manque de visibilité, surtout avec une conjoncture nationale et internationale difficile. La hausse persistante de l’inflation et le recul du pouvoir d’achat risquent à leur tour de perturber le marché tant au niveau de l’offre que de la demande. Quand le bâtiment va, tout va et inversement. L’immobilier est un thermomètre de la santé économique des pays. Or cette activité est actuellement en difficulté. Les prix de l’immobilier en Tunisie n’ont pas cessé de flamber.  En contrepartie, le pouvoir d’achat du Tunisien a sensiblement baissé avec une inflation qui a atteint des niveaux record.   En parallèle, il y a un renchérissement et une difficulté d’accès aux crédits, rendant l’acquisition de biens immobiliers encore plus difficile.

 

                                                                Kamel BOUAOUINA