Le discours du président de la République du 21 février 2023 a suscité plusieurs réactions non seulement de la part des ONG  et notamment Amnesty International (rapport publié le 10 mars 2023) mais également des accusations de racisme par l’Union africaine.  Des mesures ont été prises en faveur des subsahariens le 5 mars 2023 et le chef de l’Etat a rejeté les accusations susmentionnées dans plusieurs occasion. La plus récente a eu lieu le 10 mars 2023 lors d’un entretien entre le président de la République Kais Saied et deux hauts responsables de l’organisation de l’Union africaine : le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, Bankul Adewe, et la commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social de l’Union, Minata Samata Sisoma.

Ces derniers ont dit comprendre la position officielle de la Tunisie sur la question migratoire, selon un communiqué publié sur la page officielle de la présidence de la République. Et d’ajouter que ces deux responsables africains ont vivement salué les mesures décrétées par la Tunisie en faveur des migrants d’Afrique subsaharienne qui visent à faciliter leur séjour sur le territoire tunisien et les protéger contre tout acte d’agression.

Dans le même contexte, le président Saied a souligné, vendredi, que ceux qui s’acharnent à taxer la Tunisie de  » discrimination raciale  » ne sont pas en mesure de juger les positions de principe de soutien de son peuple en faveur des justes causes des peuples africains. Saied a saisi l’occasion pour apporter des précisions sur les dessous de cet acharnement sur la Tunisie.
A ce titre, il a souligné à ses deux invités que le flot d’accusations et les virulentes campagnes colportées depuis ses déclarations sur les flux migratoires subsahariens ont pour dessein de nuire à l’image du pays et à faire manipuler l’opinion publique contre la Tunisie.

« La Tunisie a ses propres lois qui s’appliquent à tous « 

Selon Saied,  la Tunisie a ses propres lois qui s’appliquent à tous, tout comme elle a ses propres traditions et constantes en matière de coopération et d’entraide avec les peuples africains.
Cité encore dans le même communiqué, le président de la République a rappelé le rôle historique joué par la Tunisie dans le soutien et l’appui des mouvements de libération nationale en Afrique.
A ce titre, il a tenu à souligner à ses deux invités africains que la Tunisie, tout comme elle est fière de son appartenance africaine, elle ne renoncera plus jamais à ses valeurs, principes et constantes gouvernant ses relations avec les peuples du continent africain.
Le chef de l’Etat a indiqué, également, que l’Afrique et les Africains ont regrettablement payé un lourd tribut pour des politiques qu’ils n’ont pas choisies à leur gré, selon le communiqué susmentionné.

A noter que le président de la République Kais Saied s’est entretenu,  le même jour, par téléphone, avec le président de la République du Sénégal, Macky Sall.
Lors de cet entretien téléphonique, le président Saied a saisi l’occasion pour réaffirmer la fierté de la Tunisie de son appartenance africaine et son souci constant de développer davantage ses relations avec les autres pays africains au double plan bilatéral et multilatéral.
Les remèdes aux maux et problèmes du continent africain doivent émaner de la volonté de ses peuples, selon Saied.

Rappelons que certaines mesures ont été énoncées notamment faciliter le séjour des étudiants africains sur le territoire tunisien en leur délivrant des cartes de séjour pour une période d’une année, et en leur permettant de renouveler périodiquement leurs documents dans un délai approprié, prolonger l’attestation de résidence de trois mois à six mois, faciliter les départs volontaires pour ceux qui le souhaitent dans un cadre organisé et en coordination préalable avec les ambassades et missions diplomatiques des pays africains en Tunisie, exonérer les ressortissants africains du paiement des pénalités de retard encourues suite au dépassement de la durée de séjour autorisée et ce, dans le cadre du retour volontaire et renforcer l’encadrement et intensifier l’assistance sociale, sanitaire et psychologique à tous les migrants et réfugiés des pays africains à travers l’organisation du Croissant-Rouge tunisien et ses différents partenaires.

Réprimer toutes les formes de traite des êtres humains et d’exploitation des migrants en situation irrégulières en multipliant les campagnes de contrôle et en mettant en place un numéro vert à la disposition des résidents des différents pays africains pour signaler toute violation ou abus à leur encontre figurent, également, parmi les mesures en faveur des migrants subsahariens.

Relations « fraternelles et distinguées »

Pour sa part, le secrétaire général de l’UGTT Noureddine Taboubi a indiqué , lors de son entretien à Bruxelles, avec une délégation de la confédération syndicale africaine, que   » les relations de la Tunisie avec le peuple subsaharien demeureront fraternelles et distinguées  »
Dans une déclaration accordée à l’agence TAP, une source syndicale a indiqué que Taboubi, qui participait à la 30ème session du conseil général de la confédération syndicale internationale (CSI), a souligné que la Tunisie restera une terre de tolérance et de rencontres estimant que ce qui s’est passé dernièrement n’était qu’un malentendu. Et d’ajouter que le secrétaire général de l’UGTT aura, ce soir, une série de rencontres avec des syndicats européens et américains pour réaffirmer la solidité des liens historiques qui unissent les syndicats du monde entier.

Ghada DHAOUADI